Nutrition

Quels aliments pour notre mémoire ?

« La mémoire de la plupart des hommes est un cimetière abandonné,où gisent sans honneur des morts qu’ils ont cessé de chérir. » Marguerite YOURCENAR

Fonction importante du cerveau, la mémoire est aussi passionnante à étudier.   Pascal disait d’elle : « La mémoire est nécessaire à toutes les opérations de l’esprit».  C’est vrai qu’elle gère la plupart de nos actions, qu’elles soient sociales, professionnelles, quotidiennes, de loisir, d’apprentissage.  Elle construit notre identité, nos connaissances, notre intelligence, notre capacité à nous mouvoir ou à prendre des décisions, nos attachements ou nos rejets et bien d’autres encore.  Mais, par-dessus tout, la mémoire existe avant nous, souvent inconsciente, et gouverne notre univers, qu’elle soit collective, familiale, émotionnelle, cellulaire…

La mémoire est un outil indispensable à la survie et à l’évolution de l’humanité.

L’humanité, c’est à la fois l’ensemble des êtres humains qui peuplent la terre, mais c’est aussi aussi ce qui nous différencie –ou devrait le faire- des animaux.   On peut être un génie de la mémoire ou en être handicapé.  On peut avoir joui d’une mémoire exceptionnelle et la voir disparaître avec l’âge.  C’est un concept complexe et si l’on sait ses possibilités immenses, on sait encore bien mal comment les utiliser à bon escient.  Mais on peut affirmer qu’elle n’est pas nécessairement liée à l’intelligence et à l’autonomie.  L’exemple de l’autiste savant l’illustre bien.  Souvenez-vous de Rain Man et de sa mémoire phénoménale…

Qu’est-ce que la mémoire ?

C’est la fonction qui permet de capter, coder, conserver et restituer les stimulations, les apprentissages et les informations que nous percevons.  Elle utilise aussi bien les structures physiques que psychiques.  Parler de la mémoire n’est pas tout à fait approprié.  On devrait plutôt parler des mémoires pour désigner ses différentes natures : mémoire corporelle, auditive, visuelle, olfactive, mémoire à court ou à long terme, mémoire affective, sélective, etc.  Chacun de ces qualificatifs qui accompagne le mot mémoire désigne des activités neuronales différentes et spécifiques.  Les troubles de la mémoire  peuvent être attribués à des stress, à l’usure mentale, aux soucis de vie, malheurs, chagrins, séparations, frustrations, long cortège d’événements difficiles qui parsèment toutes les vies et que d’aucuns vont enregistrer en termes de « il vaut mieux oublier » pour éviter de souffrir quand d’autres les enregistreront, au contraire, en termes de « il ne faut surtout pas oublier ».  Ce choix se fait bien sûr inconsciemment.

La terrible maladie d’Alzheimer, comme toutes les maladies de la mémoire, ravageuses et horriblement éprouvantes pour le malade et son entourage, pourrait alors s’expliquer par la volonté inconsciente de ne plus vouloir ressasser tous les souvenirs d’une vie complète, du moins pour les personnes âgées, ou de vouloir faire table rase d’une vie trop souffrante et ne correspondant plus aux attentes intérieures, dans le cas d’une personne plus jeune.  Cela expliquerait, en partie du moins et toujours en termes de décodage biologique, la raison d’un total changement de comportement qui, chez les personnes qui ont inhibé leur agressivité ou leur révolte toute leur vie l’expriment de manière désarmante ou, au contraire, pour celles qui n’ont pas brillé par leur bonté, se révèlent tout à coup agréables, aimables et affectueuses.

Quelques types de mémoire particuliers

  • La mémoire épisodique permet de se souvenir des événements, des noms, des dates et des lieux qui nous sont propres.  Elle est très liée au contexte affectif.
  • La mémoire verbale regroupe la mémoire sémantique qui concerne les concepts, le sens des mots et des symboles (on sait, par exemple, sans se souvenir d’où nous vient cette connaissance, que ce qui tombe parterre peut casser) et la mémoire lexicale qui concerne la forme des mots, son apparence, sa prononciation (par exemple, « bonjour » contient deux syllabes, commence par la lettre b et se termine par une consonne… ).
  • La mémoire procédurale correspond au « savoir-faire ».  Elle sert à réaliser des opérations complexes, les procédures, le « comment » (conduire une voiture, faire du vélo, nager… ).
  • La mémoire déclarative est celle du « savoir-dire ».  C’est elle qu’on mobilise de façon consciente pour évoquer des souvenirs sous forme de mots (« Quand je l’ai revu, j’ai senti un agréable frisson me caresser doucement la peau »).

Le siège anatomique de la mémoire

Il n’y en a pas à proprement parler.  En réalité, plusieurs parties, plusieurs « sites » du cerveau interviennent dans le traitement et la conservation des informations qui nous parviennent.    Mais on s’accorde pour dire que le rôle principal est joué par l’hippocampe qui se trouve au cœur du cerveau et synchronise les rapports entre les différentes informations stockées dans l’ensemble du cerveau.  C’est également lui qui transforme la mémoire à court terme en mémoire à long terme.

Quelques millions de neurones créent, quant à eux, un immense réseau de connexions qui communiquent entre elles par le biais des neurotransmetteurs.  Intervient ici une hormone capitale : l’acétylcholine.  C’est elle qui est la grande absente lorsqu’on constate ou diagnostique des troubles de la mémoire.

Les limites de la mémoire

La mémoire dite à long terme a de phénoménales capacités de stockage, ce qui n’est pas le cas de la mémoire à court terme.  Quant à nos oublis, s’ils ne sont pas anormaux ou excessifs, ils ne doivent pas nous inquiéter : ils sont généralement le reflet de notre état d’âme ou de notre santé.  En fait, notre cerveau est programmé pour éliminer tout ce qui pourrait nuire à son bon fonctionnement, soit par encombrement, soit parce que le souvenir n’a pas été traité de manière efficace.

C’est surtout durant les heures de sommeil que le traitement de l’information se fait.  Et selon qu’on aura « utilement » nommé, classé le souvenir dans notre mémoire, celui-ci pourra être rappelé facilement.   C’est ainsi que beaucoup d’oublis sont de nature affective ou de stress.  Oublier garantit alors notre survie (au niveau de notre intelligence émotionnelle).

L’incidence du vieillissement sur la mémoire

Pendant longtemps, on a cru que la mémoire faiblissait à cause d’une perte de neurones.  Mais notre « réserve » de neurones est telle qu’on pourrait en perdre, en user des quantités sans pour autant perdre nos capacités mnésiques.  Or, nous sous-exploitons nos capacités neuronales ! Par contre, avec l’âge, ce sont nos cellules qui se renouvèlent moins bien et la transmission des informations perd de son efficacité, ce qui rend les nouveaux apprentissages plus difficiles et le rappel des souvenirs moins efficace.  Mais les causes du vieillissement sont plutôt à rechercher dans la diminution de l’activité physique, psychique ou intellectuelle et, surtout, dans un isolement qui éloigne la mémoire de sa nécessaire sollicitation pour rester effective.

Quels aliments pour notre mémoire ?

les nutriments

Il faut d’abord savoir que, pour bien fonctionner, notre cerveau est très exigeant.  Il lui faut 15 minéraux et oligo-éléments, 13 vitamines, 8 acides aminés et 4 acides gras…  Tout un programme !  Il a besoin aussi de glucose, d’acide linoléique et alpha-linoléique.  Les vitamines du groupe B lui sont essentielles et plus particulièrement la B1 ou thiamine qui a disparu dans le raffinage des aliments, la conservation, les cuissons à haute température, etc.  On en trouve dans la levure de bière, les pois et haricots secs, les fruits secs, le riz complet (brun), par exemple.  Les vitamines A, C, E et F sont vitales, elles aussi.  On en trouve surtout dans les aliments frais, fruits et légumes.

Donc, à savoir :

  • on ne le dira jamais assez : usez et abusez des fruits et légumes et variez-en les espèces en privilégiant toutefois ceux de saison, de proximité et de culture biologique; mangez-les crus autant que possible;
  • si vous n’êtes pas végétariens, profitez des poissons et de leurs effets bénéfiques sur la mémoire.   Par exemple, le DMAE (dimethylaminoethanol – Répétez ! )  qui favorise la synthèse de l’acétylcholine, se retrouve dans les sardines et les anchois, la méthionine, un acide aminé est présent dans la morue, le thon, les anchois (et le parmesan) et la choline, qui compose l’acétylcholine, ce neurotransmetteur proche des vitamines du groupe B, se retrouve dans les crevettes, le cabillaud, le saumon;
  • on trouve également cette précieuse choline dans les œufs, le soja, les brocolis, les choux, les pignons de pin, les amandes, etc.;
  • à éviter comme la peste : les graisses saturées qu’on retrouve dans les laitages (beurre, fromage), la charcuterie et la viande rouge;
  • les céréales (avoine, blé, seigle) ont bonne réputation en matière de mémoire, mais elles sont déconseillées aux personnes souffrant de maladies chroniques inflammatoires, de maladies dégénératives et articulaires pour ne citer que les plus invalidantes; préférez le sésame, les noix, les algues, par exemple !

Un auxiliaire inattendu :

le chewing-gum, la gomme à mâcher ! Plusieurs études ont démontré que ce bout caoutchouteux parfumé que nos ados aiment tellement mâchouiller des heures durant, serait un stimulant de la mémoire.  Ce sont des chercheurs japonais qui en ont expliqué l’effet dans une étude qui démontre que la mastication détourne en quelque sorte notre cerveau du stress et rend l’hippocampe plus actif.

Eviter le tabac et surtout l’alcool.
On sait que celui-ci agit sur les neurotransmetteurs et peut provoquer des lésions cérébrales irréversibles.

Les exercices

Le meilleur outil pour ce faire est la lecture qui mobilise à la fois l’attention, l’acuité visuelle, la reconnaissance des acquis, l’élaboration d’images mentales et l’imbrication des informations entre elles.  On y ajoute une petite touche d’intérêt pour un fonctionnement optimal du stockage.

  • apprendre les langues
  • pratiquer les jeux cérébraux
  • s’adonner aux jeux de société

Bien dormir et dormir suffisamment. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, c’est pendant le sommeil, en phase paradoxale surtout, que les informations acquises s’organisent et se rangent.  Autrement dit, le sommeil aide à l’encrage des informations.

On tourne toujours autour de la même affirmation : pour être en bonne santé, il faut manger sainement, faire de l’exercice et se tenir éloigné du stress ! Allez-vous retenu tout ce qui était bon pour la mémoire ? Non ! certainement pas et c’est bien ainsi.  Cela ne signifie pas que votre mémoire ne fonctionne pas, cela signifie qu’elle est sélective et que le plus important, la chose à retenir par excellence, c’est de manger varié pour être certain d’offrir à notre organisme tout ce dont il a besoin.  Nos systèmes organiques sont complexes et on peut émettre toutes les théories du monde sur ce qu’il faut pour qu’ils fonctionnent bien, on ne remplacera jamais ce que la nature a déjà prévu et mis à notre disposition.  Notre système mnésique n’échappe pas à cette règle…  Nourrissez votre cerveau adéquatement, exercez-le et laisse-le se reposer, vous aurez ainsi une santé mentale fonctionnelle et performante et ce, pour très longtemps !

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