La transpiration excessive : une maladie souvent méconnue
Curieusement l’information concernant le traitement de certaines maladies passe difficilement. La transpiration excessive ou hyperhidrose (hidros : la sueur en grec) a longtemps été négligée par le corps médical. Les médecins, se trouvant démunis devant cette pathologie, avaient tendance à la banaliser et à la mettre sur le compte de la nervosité, de l’émotion…
Pourtant, on sait que :
– l’hyperhidrose n’est pas réservée à un profil psychologique particulier.
– l’hyperhidrose est fréquente, plus de 1% de la population pour les mains et 10% pour les pieds.
– l’hyperhidrose pose des problèmes sociaux et psychologiques, pouvant être graves.
L’hyperhidrose peut devenir un véritable handicap
Pour les mains, on constate une moiteur caractéristique des doigts et des paumes pouvant aller jusqu’à un véritable ruissellement. Pour les aisselles, la transpiration se matérialise par des auréoles qui s’aggravent d’heures en heures, ruinent les vêtements, et par les odeurs qui ont fait le succès d’une marque de déodorant. Pour les pieds, les odeurs sont au premier plan, mais n’oublions pas que la transpiration fait aussi le lit des mycoses.
Commençant dès le plus jeune âge, l’hyperhidrose a des répercutions variables mais souvent graves. Les personnes qui en sont atteintes, devront surmonter des difficultés une grande partie leur vie :
– A l’école : Les cahiers sont tachés par la sueur avec pour conséquences les punitions et la risée des petits camarades.
– Dans la vie courante : Les mains moites, les auréoles sous les bras, les odeurs qui accompagnent la transpiration des aisselles, et des pieds.
– Au travail : Le commercial hésite à serrer la main, le musicien glisse et détériore sont instrument, l’électricien se trouve dans des situations risquées, le mécanicien fait rouiller les pièces qu’il touche, la secrétaire ne peut pas rendre un feuillet sans le tremper de sueur. Ne parlons pas du collègue qui pue des pieds. Toutes ces situations ayant des conséquences pouvant aller jusqu’à la perte d’emploi.
Souvent les personnes qui sont atteintes de cette transpiration excessive, utilisent des stratagèmes pour la cacher :
– Refus de serrer la main, évitement social.
– Poches remplies de mouchoirs.
– Port de tee-shirt de couleurs sombres.
– Changement des chaussures et des chaussettes plusieurs fois par jour.
L’hyperhidrose gâche la vie des personnes qui en sont atteintes.
L’hyperhidrose peut bénéficier de traitements efficaces
Il existe différents traitements, et dans ceux-ci, une hiérarchie qui doit être respectée pour éviter d’aller au devant de désagréments importants.
Traitement de l’hyperhidrose des mains et des pieds
Les traitements locaux sont en général insuffisants.
La ionophorèse
C’est ici que la ionophorèse donne ses meilleures résultats à condition d’être effectuée avec un bon appareil et en respectant à la lettre les recommandations du protocole donné par le fabricant. Bien utilisée la ionophorèse donne plus de 80% de bons résultats dans les hyperhidroses graves des mains et des pieds.
Reconnue dans le monde médical comme le traitement de première intention de la transpiration excessive, cette technique naturelle qui a fait son apparition dans les années 70 aux USA, consiste à faire circuler un léger courant électrique au niveau des mains et des pieds. Elle peut se pratiquer dans les hôpitaux, en ville, chez les médecins qui s’intéressent au traitement de cette pathologie (Angiologues et Dermatologues), ainsi qu’à domicile avec un appareil spécialement destiné aux particuliers pour effectuer les séances d’entretien (Idrostar).
En cas d’échec on pourra essayer la toxine botulique, en sachant que celle-ci n’a pas l’autorisation de mise sur le marché pour cette indication en France et qu’elle se fera sous la responsabilité du médecin qui la pratique.
En cas d’échec de ces différents traitements, on pourra éventuellement envisager la chirurgie, pour les cas les plus graves, en sachant que les effets secondaires de cette technique sont irréversibles.
La sympathectomie est une opération lourde, avec les inconvénients de tout geste chirurgical, mais elle présente aussi des effets secondaires non négligeables et non rares, dont le plus important est l’hyperhidrose compensatrice, qui peut avoir des conséquences plus importantes que l’hyperhidrose d’origine.
En ce qui concerne les aisselles
Très souvent les traitements locaux, à base de sels d’aluminium, sont efficaces à condition de respecter les recommandations de la notice à la lettre, notamment appliquer sur une peau Saine, Sèche, et le Soir (règle des trois S).
Si un traitement local n’est pas suffisant on pourra essayer la ionophorèse. Si celle-ci ne donne pas les résultats escomptés, on essaiera la toxine botulique, qui est autorisée en France pour cette indication.
En résumé, on doit toujours commencer par le traitement le plus simple et le moins dangereux, la ionophorèse doit être tentée dans tous les cas, elle est naturelle, sans danger, peu coûteuse et efficace dans plus de 80% des cas.
Par Le Docteur Philippe Desnos, Angiologue