La chasse au lion
Un vieil explorateur est convié à une soirée chez la comtesse de Mormoilneux. Après le dîner, celle-ci lui demande de raconter une de ses expéditions. Le vieux commence (voix chevrotante) :
– Je marchais au milieu de la jungle avec mes dix porteurs depuis plusieurs jours. Tout à coup, les oiseaux et les singes se sont tus, il s’est fait un grand silence, et nous avons entendu un rugissement tout près de nous ! L’assistance, captivée :
– Oooh ! et alors ?
– Alors, nous nous sommes arrêtés. Nous avons alors vu les buissons s’écarter, dix mètres devant, et un ÉNORME lion en surgir, l’air affamé – Oooh ! et alors ? – Alors il nous a regardés, et s’est léché les babines ! A ce moment, tous mes porteurs se sont enfuis en courant, me laissant sans aide et sans guide, seul face au fauve !
– Aaah ! et alors ?
– Alors, j’avais heureusement gardé mon fusil avec moi. Je l’ai épaulé, j’ai visé le lion… et mon fusil s’est enrayé !
– Aaah ! et alors ?
– Alors, j’ai dégainé mon revolver, et j’ai tiré en direction du lion ! Mais ce putain de revolver s’est lui aussi enrayé !
– Oooh ! et alors ?
– Alors, je n’ai plus eu d’autre choix que de sortir mon Opinel, et de me préparer à un corps à corps avec le lion ! Celui-ci s’est alors avancé vers moi en grondant, et il s’est arrêté à deux mètres, et il a poussé un énorme rugissement, comme ça (et le vieux imite le rugissement) : RRRAAAAAOOOOOUHUMMMMMMMFFFF !!!!!
– HIIII ! ET ALORS ?
– Ben, fait le vieux, penaud, je crois que j’ai chié dans mon froc ! Un silence gêné s’établit. Fort civile, la maîtresse de maison tente de rattraper le coup :
– Hum, eh bien, après tout, compte tenu des circonstances extrêmes, n’est ce pas, c’était peut être compréhensible que vous vous laissiez aller, non ?
– Non, non, explique le vieux, c’est maintenant, là, en faisant RRRAAAAAOOOOOUHUMMMMMMMFFFF, que j’ai chié dans mon froc.