Mieux connaitre les plantes indésirables
Définition
Les herbes spontanées qui s’installent dans le jardin peuvent certes causer certaines nuisances, mais de nombreuses plantes peuvent aussi cacher des qualités. Apprenez à mieux les connaître et à différencier celles qui sont utiles et celles qui sont vraiment indésirables.
Pourquoi on les appelle « mauvaises » herbes?
Les adventices sont vues comme des indésirables car elles entrent en compétition avec les plantes installées par le jardinier :
- compétition pour l’eau
- compétition pour les nutriments
- compétition pour la lumière
- compétition pour l’espace
Le niveau de nuisance est donc fonction du nombre d’adventices et des ressources disponibles ainsi que de la tolérance de l’espèce cultivée par rapport à cette concurrence.
Elles peuvent également constituer des réservoirs de ravageurs ou de maladies pouvant ensuite s’attaquer aux plantes installées. La bryone dioïque et le galinsoga peuvent par exemple être porteurs du virus de la mosaïque du concombre, la moutarde des champs et la capselle bourse-à-pasteur peuvent être porteuses du champignon causant la hernie du chou…
Leur caractère indésirable peut être dû à d’autres types de nuisances qui souvent rendent l’élimination de ces plantes nécessaire :
- plantes très allergènes (ambroisie), irritantes (berce du Caucase)
- plantes toxiques pouvant se mélanger aux récoltes (datura, morelle noire)
- plantes invasives.
Leur nuisance peut également être esthétique au jardin d’ornement, cette notion est plus subjective.
Des vertus parfois oubliées
Mais ces nuisances sont à mettre en parallèle avec les qualités bien souvent ignorées de ces « mauvaises » herbes. En effet, nombre d’entre elles ont une utilité plus ou moins connue : culinaire, médicinales ou mellifère par exemple.
Tolérer les plantes spontanées est également un moyen d’augmenter la diversité dans son jardin, permettant ainsi l’établissement d’équilibres écologiques qui contribuent à la régulation naturelle des ravageurs et maladies. Avant d’éliminer toute plante spontanée par reflexe, il faut se demander si les nuisances occasionnées sont acceptables ou non, si l’on peut tolérer que les plantes du potager partagent leurs ressources quand en contrepartie le jardin est plus vivant et plus sain.
La présence de ces plantes spontanées a des effets bénéfique lorsqu’elle:
- abrite des formes de vie utiles au jardin (insectes, auxiliaires)
- protège le sol de l’érosion par le vent, les précipitations, ainsi que du soleil (couvert végétal)
- enrichit le sol en humus
- aère le sol grâce à son système racinaire
- a un intérêt esthétique
Des plantes qui renseignent sur le sol
L’observation des plantes qui poussent spontanément peut également constituer un bon moyen de mieux connaître son sol. En effet, certaines plantes sont des indicateurs fiables de carences ou d’excès en certains éléments (azote, calcium…), de pH, de compaction, etc. Ces plantes sont appelées bio-indicatrices. Bien sûr, la présence de quelques individus d’une espèce indicatrice n’est pas forcément significative, mais la présence importante de cette espèce dans le jardin ou dans son environnement peut l’être. Il est également nécessaire de prendre en compte l’ensemble des espèces présentes car une espèce est rarement indicatrice à elle toute seule.
Pourquoi reviennent-elles toujours?
Il est essentiel tout d’abord de comprendre que, exception faite des plantes exotiques invasives, la plupart des adventices sont des plantes indigènes naturellement présentes et ce contrairement à une partie des plantes installées au jardin. Elles sont donc souvent mieux adaptées au milieu.
Il s’agit d’autre part de plantes pionnières avec une forte capacité de colonisation du milieu et de reproduction (production de graines en grand nombre adaptées à la dispersion par le vent et les animaux ou multiplication rapide par fragmentation des organes souterrains par exemple) faisant souvent plusieurs générations dans l’année.
Il existe également quelques espèces parasites qui se développent aux dépends d’autres plantes. On peut citer en exemple les cuscutes (Cuscuta spp.), qui parasitent des espèces sauvages ou cultivées comme la luzerne, les trèfles, les orties…
Les graines de cuscutes germent à la surface du sol ou juste en-dessous puis doivent trouver une plante hôte dans les jours suivants afin de survivre et de se développer. Ce parasitisme est obligatoire car la cuscute ne dispose pas d’un système racinaire développé.
Une fois la plante hôte trouvée, la cuscute va pouvoir se disséminer sur plusieurs mètres carrés en formant de fins filaments jaune-orangé, tout en puisant dans les réserves (eau, nutriments) de cet hôte. Les plantes parasitées peuvent alors être étouffées par la concurrence exercée.
Les cuscutes forment un ensemble d’organismes réglementés : lorsqu’elles sont détectées, leur présence doit obligatoirement être signalée au Service Régional de l’Alimentation (SRAL) de la région concernée.
Plantes messicoles et plantes rudérales
Ces deux termes sont parfois rencontrés lorsque l’on parle d’herbes indésirables.
Les plantes messicoles sont généralement des plantes annuelles (plus rarement vivaces) qui vivent préférentiellement dans les cultures qui sont moissonnées. Il s’agit par exemple des coquelicots, bleuets… Ces plantes se sont adaptées aux travaux agricoles et profitent des soins apportés aux plantes cultivées. L’essor des pesticides de synthèse après la seconde guerre mondiale ont fait régresser leur population de manière très importante.
Les plantes rudérales sont des plantes qui s’épanouissent dans les milieux perturbés, fortement influencés par l’homme (décombres, terrains vagues…). Il s’agit par exemple des orties, vergerettes, buddleias, séneçons, renouées…
Monocotylédones et dicotylédones
Les monocotylédones sont des plantes à fleur dont la graine ne forme qu’un seul cotylédon, par opposition aux dicotylédones dont la graine en forme deux.
Les premières se reconnaissent grâce à certaines caractéristiques dont les plus visibles sont que leurs feuilles ne sont jamais composées (elles n’ont pas plusieurs folioles et ont, sauf rares exceptions, des nervures parallèles. Les poacées (ou graminées), orchidées, alliacées, palmiers ou encore le bananier (genre Musa) sont des monocotylédones (bien que ces deux derniers présentent un port arborescent).
Cette notion est importante à retenir dans le cas où un désherbage chimique sélectif s’avérait nécessaire car il s’agit d’un critère de choix déterminant du désherbant à utiliser, certains produits sélectionnant spécifiquement l’un ou l’autre.
Annuelle, bisannuelle ou vivace?
Les plantes n’ont pas toutes la même durée de vie, certaines sont pérennes, d’autres réalisent leur cycle de vie en quelques mois, voire quelques semaines. Découvrez les plantes annuelles, les bisannuelles et les vivaces.
Les plantes annuelles
Une plante annuelle est une plante qui réalise son cycle végétatif – de la germination à la mort – en une moins d’un an. Les annuelles passent la mauvaise saison exclusivement sous forme de graines.
Quelques annuelles : séneçon commun, pâturin annuel, épilobe à petites fleurs, coquelicot, capselle bourse-à-pasteur, mouron des oiseaux, chénopode blanc…
Les bisannuelles
Une bisannuelle réalise la première partie de son cycle végétatif lors de sa première année, survit à la mauvaise saison grâce à des bourgeons situés au ras du sol, puis termine son cycle la deuxième année.
Quelques bisannuelles : carotte sauvage, panais sauvage, onagre bisannuelle, digitale pourpre…
Les plantes vivaces
Les plantes vivant plus de deux ans sont nommées pluriannuelles ou vivaces. Elles se reproduisent par graines ou bien par multiplication végétative. L’organe de survie lors de la mauvaise saison peut être un bulbe, des racines contenant des réserves, des tubercules, des rhizomes, une souche…
Quelques vivaces : pissenlit, chardon des champs, prêle des champs, chiendent rampant, pâquerette, liserons, plantains…
Les plantes ligneuses (arbres, arbustes…) peuvent aussi être des adventices (semis spontanés de frênes, érables…).