Le gorille
Excellentissime !
C’est un type archi-blasé, un grand chasseur qui confie à un de ses amis :
— Mon cher, je m’ennuie! J’ai tout chassé! Regardez mes trophées, j’ai eu tous les gibiers, c’est terrible, je ne sais plus où aller!
— Et le gorille, vous avez chassé le gorille?
— Le gorille? Non, mais il n’y en a plus.
— Si, si! Moi, je connais un coin en Afrique. Tenez, je vous donne l’adresse, vous venez de ma part, vous verrez, vous ne serez pas déçu. Le type vous les fait prendre vivants, c’est encore plus terrible!
Et le type part au fin fond de l’Afrique, il tombe sur un vieux Blanc basané, qui habite une case en lisière de la forêt :
— Je viens chasser le gorille, il paraît que vous savez…
— Parfait, parfait, je vous emmène, coupe le petit vieux. Vous venez ici demain à l’aube et nous partons!
— Mais, vous avez le matériel?
— Ne vous en faites pas, j’ai tout ce qui faut, amenez seulement votre fusil.
— Mais, on m’avait dit que vous les preniez vivants!
— Écoutez, c’est moi qui suis guide de chasse ou c’est vous?
— Bon, bon, d’accord, dit le type tout conciliant, trop content d’avoir enfin son gorille.
Et le lendemain, il voit le petit vieux qui l’attend devant sa case, tout seul avec un petit fox-terrier. Et il s’étonne :
— Comment, c’est tout? Et les porteurs, et les rabatteurs, et le camion pour la cage et les…
— Dites, c’est vous le guide ou c’est moi?
— Bon, bon! Allons-y.
Et ils marchent trois jours dans la forêt. Tout à coup, le guide s’arrête :
— Ça y est, on est arrivé. Vous voyez l’arbre là-bas, c’est plein de gorilles.
— Bon, alors, qu’est-ce qu’on fait? demande le type qui commence à n’en mener pas large.
— Alors, tenez, voilà une paire de menottes. Je monte dans l’arbre. A mi-hauteur, je secoue l’arbre, et forcément, il y a bien au moins un gorille qui tombe.
— Et alors?
— Alors, à ce moment-là il y a mon chien qui se précipite sur le gorille pour lui mordre l’entre-jambes.
— Et alors? demande le type de plus en plus éberlué.
— Alors, le gorille met ses deux mains en avant, comme ça, pour se protéger, et à ce moment-là, clac! Vous lui mettez les menottes aux poignets, et c’est terminé!
— Mais… et le fusil?
— Alors, le fusil, c’est pour vous; parce que, si je tombe de l’arbre, vous tuez le chien!