La vie dans le sol
Selon la parole d’un des plus illustres agronomes français, P. O. Dehérain, « La terre est quelque chose de vivant >>.
Il suffit déjà de regarder une poignée de terre fertile pour y apercevoir de multiples formes de la vie : des larves y creusent des galeries; les millepattes, les cloportes, les collemboles s’y abritent. Des œufs d’insectes et des chrysalides s’y installent pour hiverner…
L’examen microscopique révèle dans la terre une vie d’une intensité extraordinaire anguillules, infusoires, moisissures, bactéries, peuplent la moindre particule de terre, en transforment les éléments, s’y livrant une lutte sans merci.
Ces millions d’êtres, qui peuplent chaque gramme du sol, ont des activités très diverses. Les uns sont utiles en solubilisant les résidus organiques ou en fixant l’azote atmosphérique. Certains sont spécifiques des cycles du fer, du manganèse, du soufre, etc… D’autres vivent en association avec les plantes, enveloppant les racines, et jouent le rôle d’inter- médiaires entre la plante et la matière inerte.
D’autres encore sont des parasites des plantes: Anguillules pénétrant dans les tissus, agents de la pourriture des racines, etc…
D’autres enfin sont nuisibles indirectement en combattant les bactéries utiles : c’est le cas de certains protozoaires.
Dans cette lutte pour la vie, la victoire change de camp selon les circonstances. La réussite des cultures dépend souvent de l’issue du combat. Ainsi s’expliquent bien des insuccès, bien des différences de rendement.
Aussi les agronomes rêvent-ils de discipliner la vie du sol, de l’orienter dans le bon sens….
Parmi les plus recommandables, citons l’engrais Elgeflora qui s’utilise à la dose de 0,5 à 1 gramme par litre d’eau d’arrosage. Arroser tous les 10 à 15 jours en période de végétation active. Cesser les applications en période de repos de la végétation.
Une solution idéale consisterait à stériliser le sol, par exemple en le chauffant, puis à l’ensemencer avec les germes utiles. On sait déjà pratiquer cette désinfection à la vapeur pour de petites surfaces, ou pour les cultures sous abri, ou encore pour le fumier à champignons. Pour le jardinage courant, on aura recours à la désinfection chimique partielle du sol.
S’il s’agit par exemple de détruire des insectes, tels que vers blancs, larves de taupin, etc… on enfouira dans le sol un insecticide approprié. Bien souvent d’ailleurs cet insecticide se présente en mélange avec un engrais, ce qui facilite le travail (1). C’est là une pratique courante, surtout pour la culture potagère.
Lorsque l’ennemi à détruire est un cryptogame tel que l’agent de la hernie du chou, ou bien le fusarium qui provoque la mort des Reines- (1) La «Biogine» fut le premier des engrais insecticides.
Marguerites, ou encore la maladie des Laitues, on utilisera pour désinfecter la terre un agent fongicide présenté le plus souvent sous forme liquide.
La désinfection des terres de rempotage se pratique de la même façon on arrose la terre disposée en tas, avec la quantité voulue de solution désinfectante, et on laisse agir un ou deux jours. Ensuite, la terre est étalée afin de faciliter l’évaporation de l’antiseptique. Elle pourra être utilisée au rempotage une dizaine de jours plus tard.
Selon les cas, les produits de désinfection du sol sont utilisables en cours de culture, ou au contraire sur terre nue. Il faut donc lire attentivement les notices d’emploi, au risque d’accidents pouvant aller jus- qu’à destruction de la récolte.
Analyses de terre
Les chapitres précédents nous ont appris combien la nature du sol peut être complexe, et tout l’intérêt qu’il y a à connaître son origine, sa nature, les éléments qui lui manquent, les cultures susceptibles d’y réussir.
Le simple examen sur place d’un terrain permet à une personne expérimentée de tirer quelques déductions intéressantes.
Mais seule l’analyse chimique, opérée dans un laboratoire spécialisé, permet de connaître, avec certitude, toutes les caractéristiques d’un sol.
Quand on crée un nouveau jardin, soit un jardin fruitier, soit une roseraie, soit un potager, il y a toujours avantage à faire analyser la terre au point de vue de ses propriétés physiques, de sa réaction, de sa composition.
Nos laboratoires sont équipés pour ce travail et donnent, non seulement les résultats chiffrés des analyses, mais encore des conseils très utiles pour l’amélioration et l’utilisation rationnelle des terres analysées.
Pour obtenir une analyse, il suffit de prélever un échantillon moyen sur toute l’épais- seur de la couche cultivée, soit 30 centimètres, éventuellement à deux ou trois places. différentes. Le tout est intimement mélangé, puis on en prélève environ 500 grammes que l’on place dans un emballage bien propre, de préférence une boîte en fer blanc.
Cet emballage est expédié au laboratoire avec la mention « terre à analyser ». Il ne faut pas manquer d’y ajouter une étiquette indiquant clairement le nom et l’adresse de l’expéditeur. Il est en outre indispensable d’adresser par lettre, non seulement le montant de l’analyse, mais surtout un petit rapport circonstancié, indiquant l’endroit d’où provient l’échantillon, le genre de culture qu’il a porté, les cultures envisagées, les anomalies constatées dans le sol ou la végétation, l’épaisseur de la couche arable, les cultures qui réussissent mal, etc….
Après un délai d’environ deux semaines, le laboratoire enverra sa réponse comprenant un bulletin d’analyse, une notice explicative, et éventuellement une lettre répondant aux demandes particulières de renseignements.
Le bulletin d’analyse indique tout d’abord l’état physique de la terre, puis sa teneur en carbonate de chaux et son pH.
On sait que les terres pauvres en chaux, et à pH inférieur à 7 sont acides. On peut, surtout pour la culture potagère, les améliorer par apport d’amendements calcaires. Ces terres acides sont celles que préfèrent les plantes dites de terre de bruyère, ainsi que les Rosiers, les Glycines, les Fraisiers, les Pêchers (voir plus haut).
Inversement, les terres dites calcaires ont un pH compris entre 7 et 9. Si la teneur en carbonate de chaux dépasse 60 à 80 grammes par kilogramme, les plantes ci-dessus peuvent contracter la chlorose ou jaunissement des feuilles. Il est généralement difficile de corriger ce défaut, surtout s’il est accentué.
On peut cependant améliorer une terre légèrement chlorosante en y incorporant du terreau des bois, de la terre de bruyère, ou certains produits acides. On peut aussi réserver aux Rosiers et autres végé- taux sensibles à la chlorose des emplacements spéciaux où la terre sera changée sur une profondeur suffisante.
La seconde partie du bulletin d’analyse est consacrée au dosage des éléments nutritifs assimilables: azote, acide phosphorique, potasse. L’examen des chiffres permet de s’orienter vers telle ou telle formule d’engrais minéral, afin de corriger les défauts du sol.
Après réception des résultats d’analyse, on fera bien d’en comparer les chiffres avec les données contenues dans les pages qui précèdent.
Si malgré tout, un doute subsistait quant à l’interprétation et aux dispositions à adopter, il ne faudrait pas hésiter à demander une information complémentaire, en fournissant toutes les données du problème : le laboratoire se fera toujours plaisir d’y répondre.