Jardin et potager

Les maladies cryptogamiques

Si l’on examine au microscope un fragment de poire tavelée, ou une feuille de vigne atteinte de mildiou, ou un bouton de rose couvert de blanc, on constate, dans tous les cas, que les tissus de la plante parasitée sont parcourus par des filaments très nombreux, comparables à de petits tubes transparents.

Ces filaments sont absolument semblables à ceux que l’on observe quand on examine un fragment de fumier recouvert de blanc de cham- pignon, ou une mie de pain moisie à l’humidité.

En fait, ces filaments, qui constituent ce que les savants appellent un mycelium, caractérisent la classe des champignons.
La partie comestible d’un champignon n’est, en réalité, que la fructification exceptionnellement développée de certaines espèces.
Si l’on examine à un fort grossissement une tache d’oïdium ou de rouille sur une feuille, on constate que l’apparence poussiéreuse de la tache est due à la présence d’un grand nombre de graines microsco- piques appelées spores, qui, entraînées par le vent ou par l’eau de pluie qui ruisselle sur les branches, répandent partout la maladie.

Toutes les maladies cryptogamiques se propagent de cette façon. Il est donc très important de détruire ces spores avant leur dissémination et de protéger les plantes contre une contamination presque certaine du fait des myriades de spores que l’atmosphère charrie continuellement.

Cryptogames les plus répandus

Comme pour les insectes, nous allons donner une liste alphabétique des Cryptogames les plus communs.
Nous adopterons pour les désigner les termes utilisés dans le langage horticole courant, sans trop nous inquiéter de leur origine scientifique ou vulgaire.

Nous ne pouvons dans ce livre, envisager de détailler les caractères morphologiques des Champignons parasites: non seulement cette étude exigerait de longs développements, mais elle supposerait que le lecteur possède un certain matériel de laboratoire, en particulier un bon microscope. Les personnes intéressées voudront bien se reporter aux ouvrages spécialisés.

Les Fongicides ou Anticryptogamiques

Procédés préventifs.

Les remèdes préventifs ont pour but d’empêcher la germination des spores, par conséquent de les détruire avant qu’elles n’aient commis leur dégât, avant que le mycelium n’ait pénétré dans la plante où il est très difficile de le dépister.
Les anticryptogamiques préventifs sont donc d’un emploi capital. On trouve dans ce groupe les produits suivants :
Les bouillies au cuivre
Pulvérisées sur les feuilles, les bouillies au cuivre constituent à leur surface un enduit protecteur très efficace. Elles sont préventives et ne peuvent, en général, guérir une maladie existante.

On emploie les bouillies au cuivre sur la vigne, la pomme de terre et es tomates, contre le mildiou; sur les chrysanthèmes, les oeillets, les céleris, les haricots, etc… contre les rouilles, les septorioses, etc… Sur les arbres fruitiers, contre la tavelure, le monilia, le coryneum, etc…
Les conditions d’emploi en seront précisées dans les différents chapitres consacrés à ces cultures.
Les fongicides de synthèse
Notamment les thiocarbamates ont été récemment introduits sur le marché. On les recommande sur- tout pour le traitement des pommiers et poiriers parce que les fruits obtenus ont des couleurs plus vives que ceux traités à la bouillie bordelaise. Les variétés sensibles aux brûlures les supportent bien.
Les produits du type Elgétol
Utilisés pour traitement d’hiver, ainsi que le mastic antichancre pour recouvrir les plaies d’élagage.

Procédés curatifs.

Les maladies cryptogamiques sont plus ou moins faciles à guérir, suivant que le mycelium se trouve à la surface des feuilles et des tiges (oïdium) ou au contraire profondément enraciné dans les tissus de la plante parasitée.
Dans le premier cas, qui est celui du blanc du rosier, de l’oïdium de la vigne, de la tavelure naissante, de la toile, etc… on peut espérer une guérison complète sans que la plante-hôte ait trop à souffrir du trai-
tement.
Si, au contraire, nous avons affaire à un mycelium pénétrant, comme celui des mildious qui attaquent la vigne et les pommes de terre, et des rouilles qui attaquent les plantes les plus diverses, le problème se com- plique beaucoup.
Pendant longtemps, les fongicides utilisables en pareil cas furent à base de soufre: soufre pur, sublimé ou trituré, et polysulfures (2). Ce dernier type de produit présente l’avantage d’être soluble à l’eau. Cependant, les produits soufrés sont beaucoup plus des préventifs que des curatifs.
Les laboratoires ont démontré que certains colorants possèdent une telle affinité pour les filaments myceliens que ceux-ci peuvent être colorés dans la masse même de la plante parasitée.

Une tache de mildiou, par exemple, pulvérisée avec la solution colorante, prend une teinte très intense. La mort du champignon entraîne la mort de la surface foliacée envahie. L’ensemble se dessèche, disparaît et la tache malade se trouve remplacée par une perfo- ration. Toutes les parties malades étant ainsi « amputées », la végétation de la plante traitée reprend avec vigueur.
On les utilise sous le nom d’Hélione contre le blanc du rosier, la tavelure des pommes et des poires, le mildiou de la vigne, le mildiou des pommes de terre, la cloque du pêcher et toutes les rouilles.

Procédés d’immunisation

Les succès obtenus en médecine humaine par emploi des sérums et des antibiotiques ont inspiré de nombreux essais d’application aux végétaux. Malheureusement, le végétal ne possède pas un système circulatoire actif, susceptible de diffuser rapidement de tels médicaments. Les recherches continuent néanmoins, et nous souhaitons qu’elles soient enfin couronnées de succès.

ALBUGO : Rouille blanche.
ANTHRACNOSES : On désigne sous ce nom des maladies très. diverses se présentant comme des taches rongeantes, plus ou moins bordées de noir, comme c’est le cas pour l’Anthracnose du Haricot, l’Anthracnose ou Nuile du Melon. Sur la Vigne, l’Anthracnose atteint aussi les rameaux, provoquant de véritables chancres.
Ces maladies sont provoquées par des Champignons des genres Gloeosporium, Colletotrichum, etc…
Comme préventif, on utilise les bouillies cupriques et les fongi- cides de synthèse, Dans le cas de la Vigne, le traitement d’hiver est très efficace. Comme curatif, on peut pulvériser l’«Hélione ».
ARMILLARIA
BLACK-ROT
BLANCS OU OIDIUMS : Les Ofdiums sont des Champignons superficiels, formant à la surface des feuilles et même des rameaux une sorte de duvet ou de poussière blanche ou grise. En général, l’ombre et la sécheresse sont des circonstances prédisposantes, de même que l’affaiblissement de la vitalité en fin de saison.

On observe notamment des « Blancs» sur Rosiers, Concombres, Pois. Sur Vigne, il attaque non seulement les feuilles, mais aussi les grappes dont les grains noircissent et se fendent, laissant voir les pépins.

On agit préventivement sur les Oldiums soit avec la fleur de Soufre, soit avec les « Soufres liquides » genre « Cryptol ». Sur arbres fruitiers. et Vigne, le traitement d’hiver est également recommandable. En cas d’invasion, traiter à l’Hélione.
BOTRYTIS ET SCLEROTINIA : Ce sont deux formes différentes d’une moisissure très répandue. La forme Botrytis constitue la pourriture grise des raisins, et des boutures de Géranium en hiver. La forme Sclerotinia produit la pourriture du collet des Laitues, la pourriture humide des Pommes de terre, etc…

Ces accidents sont favorisés par le froid et l’humidité. On agira en conséquence. On utilisera des fongicides organiques (Bi-Elgétane, Hélione) ou des poudres cupriques.

CERCOSPORA : Champignons produisant sur les feuilles de diverses plantes de petites taches présentant une bordure brune généralement très nette, notamment sur Betterave, Lis, Melon, Réséda, Violette, etc…
CHANCRES DES ARBRES : Ces plaies rongeantes sont habituellement l’effet de Champignons parasites tels que les Nectria, dont l’attaque a été préparée par divers autres parasites: Puceron. lanigère, Agrile, Tavelure, Cochenilles, etc…
Les chancres seront grattés et pansés au mastic spécial. Le traite- ment d’hiver est également recommandable.
CHARBONS : Maladies dues à des Champignons des genres Ustilago, Urocystis, etc… La maladie se termine par formation sur les feuilles de pustules qui crèvent en laissant échapper une poussière noire de spores. On peut l’observer notamment sur Oignon, Poireau, Tulipe, Salsifis, Glaïeul, ainsi que sur Blé et Mais.

Profondément implantés dans les tissus, les Chardons sont difficiles à traiter curativement. Il faut donc intervenir à titre préventif, en désinfectant les semences ou les bulbes.
CLOQUE : Maladie produisant le gaufrement et l’épaississement des feuilles, notamment sur Pêcher, Cerisier, Peuplier, Azalée. Ne pas confondre avec les attaques de Pucerons qui gaufrent les feuilles, mais sans épaississement ni rougissement.

Les cloques sont dues à des Champignons du genre Exoascus. Elles sont à rapprocher de la maladie des Pochettes qui déforme les Prunes, et de l’accident connu sous le nom de Balai de sorcière, apparition de buissons très ramifiés sur les branches.
Les Cloques se combattent préventivement par le traitement d’hiver et curativement par les colorants du type Hélione.

CORYNEUM, CLASTEROSPORIUM :  On désigne ainsi divers Champignons attaquant les Pêchers, Cerisiers, Lauriers, etc… On observe d’abord sur les feuilles de petites taches rondes qui se dessèchent. Puis le tissu se décolle et il reste des trous que l’on confond souvent avec un dégât de Chenille.

Sur les fruits, la même maladie produit des points noirs. Sur les rameaux, on observe des annulations d’yeux et de la gomme. Maladie favorisée par le froid et l’humidité au printemps, difficile à combattre. Ne pas négliger le traitement d’hiver. Traiter à l’Hélione en cas d’invasion grave. Fumer abondamment.

FONTE DES SEMIS : La mort brutale de plantules à peine levées peut être provoquée par divers Champignons se conservant dans le sol Olpidium, Pythium, etc… Dans les serres, la fonte est consécutive à la Toile qui n’est autre qu’une moisissure du type Botrytis favorisée par une humidité excessive.
Afin d’éviter la, fonte, il est utile de désinfecter les terreaux, et aussi de chercher à obtenir des conditions de température, humidité, éclairement, mieux adaptées.

FUMAGINE : Enduit noir se formant sur le feuillage des arbres. et des plantes. Il s’agit toujours d’un Champignon se développant dans le miellat secrété par des Pucerons ou des Cochenilles existants ou ayant existé sur la plante considérée ou sur les arbres avoisinants. Détruire éventuellement Pucerons et Cochenilles: la fumagine disparaîtra d’elle-même, mais assez lentement.
FUSARIOSE : Les Champignons du genre Fusarium provoquent notamment la maladie du collet sur Reine-Marguerite, Zinnia, Tomate, etc…, etc… On voit se former au niveau du sol un petit chancre, puis la plante se flétrit brusquement.

Désinfecter préventivement le sol (Sulgine liquide). Certaines variétés sont connues pour être résistantes.
MARSONIA
MILDIOU : Les Mildious produisent sur les feuilles des plantes une apparence farineuse. A la différence de l’Oïdium, il s’agit de Champignons profondément implantés dans les, tissus, et émettant des branches sporifères par les stomates. Contrairement à l’Oïdium, on les voit surtout à la partie inférieure des feuilles. On observe sou- vent le dessèchement des feuilles ou des taches nettement délimitées entourées de parties saines.

Cas fréquents sur Vigne, Oignon, Epinard, Violette, et bien d’autres plantes, dûs à des Champignons des genres Péronospora, Phytoph- thora, Plasmopara.

On s’efforcera surtout de lutter préventivement à l’aide de produits cupriques. Curatif partiel: Hélione.
MONILIA : Sur les arbres fruitiers, les fruits atteints se des- sèchent à l’état jeune, ou bien pourrissent en présentant des cercles concentriques de moisissure. Parfois aussi de jeunes rameaux se flé- trissent brusquement au printemps.
Préventifs traitement d’hiver et Bouillies cupriques.
NECTRIA
Ce Champignon est une des causes du Chancre. Le Nectria est également une cause d’infection des plaies de taille et d’élagage. Les branches sous-jacentes meurent puis se couvrent de petits points rouges. Ne pas élaguer les Maronniers avant la fin de l’hiver. Panser les coupes au mastic. Effectuer le traite- ment d’hiver aussitôt après la taille.
NUILE
OIDIUM
PÉRONOSPORA, PHYTOPHTHORA, PLASMOPARA : Champignons auteurs du Mildiou.

PLASMODIOPHORA : C’est un exemple de Champignon se conservant dans le sol et qu’il faut combattre. par la désinfection ou le chaulage.
PLOMB : Le Plomb donne aux feuilles des Pruniers et Pêchers une teinte argenté-bleuâtre due à la présence de bulles gazeuses sous l’épiderme. C’est une conséquence indirecte de l’infection du bois par divers Champignons: Stereum, Polypores, etc… Agir comme indiqué pour le Nectria..
POLYPORES, STEREUM : Champignons plus ou moins volumineux apparaissant sur les branches ou le tronc des arbres. Ils indiquent une infection du bois plus ou moins ancienne et généralisée.
POURRIDIÉ : Plusieurs Champignons provoquent cette maladie des racines qui se manifeste par de la pourriture, ou par la présence de filaments ou cordons mycéliens blancs ou bruns. Les arbres atteints peuvent mourir brusquement. Accident à craindre en terrain compact, humide, ou recevant des fumures organiques insuffisamment consommées fumier frais, fientes de volailles.
Arracher les arbres atteints et désinfecter le sol à la «Sulgine liquide ». Planter une autre espèce.

PUCCINIA
ROUILLES : Maladies provoquées par divers Champignons des genres Puccinia, Uromyces, Phragmidium, etc… Comme les charbons, ils sont d’abord invisibles dans les tissus. Puis, apparaissent des pustules d’où s’échappe une poussière de spores rougeâtres ou brunes. Certaines Rouilles habitent successivement deux plantes différentes.
Traitement difficile. Utiliser des semences indemnes ou les désinfecter. Eviter les fumures trop azotées, pulvériser préventivement une bouillie cuprique. Enlever les organes atteints ou les traiter à l’Hélione. Traitement d’hiver des arbres et des Rosiers.
ROUILLES BLANCHES : Ces maladies dues aux Champignons du genre Albugo atteignent surtout les Crucifères et les Composées, notamment les Navets, Choux, Radis, Salsifis, Scorsonères.
Les feuilles atteintes se déforment et présentent des pustules d’où s’échappe une poussière d’un blanc laiteux. Mêmes traitements que pour les Rouilles véritables.
SEPTORIA : Il existe un grand nombre de Champignons nuisibles dans ce groupe. Ils déterminent sur les feuilles des taches plus ou moins étendues, grisâtres, parfois bordées de noir, et piquetées, de points noirs. On l’observe souvent sur les Céleris, Chrysanthèmes, Tomates, Eillets, et bien d’autres plantes.
Traiter préventivement au cuivre ou aux fongicides organiques Guérison difficile.
SCLEROTINIA
TACHES DES FEUILLES : Ce terme assez vague peut désigner bien d’autres maladies que celles figurant dans cette liste. Elles sont dues généralement à des Champignons Ascomycètes, notamment des genres Asochyta, Alternaria, Gloeosporium, Guignardia, Gnomo- nia, Phyllosticta, Ramularia, Rhytisma, Stigmatea, etc… Nous en avons figuré quelques-unes, mais il n’est pas question pour le profane de les distinguer avec certitude: c’est là un travail de spécialiste.
D’une manière générale, la lutte doit être préventive, soit que l’on cherche à améliorer les conditions de milieu: aération, sol, engrais, soit que l’on applique des fongicides cupriques ou organiques.
TAVELURES : Elles sont dues à des Champignons du genre Pusicladium dont le mycélium superficiel forme sur les feuilles et les fruits des taches noires. Les fruits atteints se déforment ou même se fendent. Le bois peut aussi être attaqué.
TOILE
Par contre, il est bien prouvé que la manière de soigner les plantes joue un grand rôle quant à l’apparition des maladies.
Tout d’abord, il faut assurer aux plantes une alimentation normale. Le manque de certains éléments dans le sol, ou bien encore l’excès d’azote, déclenchent presque à coup sûr les maladies cryptogamiques. Voir à ce sujet les pages consacrées au sol et aux engrais.
Les plantes qui reçoivent à discrétion l’air et la lumière sont aussi beaucoup plus résistantes aux maladies et aux insectes que celles qui vivent dans les serres ou châssis mal éclairés ou pas assez aérés.
L’excès d’humidité du sol, l’arrosage avec les eaux des puits ou des sources non réchauffées à l’air, la culture répétée d’une même plante sur un même terrain, sont autant de causes prédisposantes.
En hiver, on taillera les arbres par temps sec, puis on effectuera aussitôt après le traitement d’hiver. Les tailles seront recueillies et brûlées.
En un mot, il faut assurer l’ordre et l’hygiène dans le jardin et si l’on a des voisins il faut leur conseiller de traiter, afin d’éviter la contagion

Autres ennemis des plantes cultivées

Araignées et acariens

Le groupe des Acariens est très voisin des insectes. En général, les Araignées de grande taille sont inoffensives pour les plantes, et même utiles en détruisant des insectes. Par contre, de minuscules Araignées sont la cause de graves dom- mages : ce sont les Tétranyques ou Araignées rouges. A l’œil nu, on les distingue à peine comme des points rouges, jaunes, ou noirs se déplaçant à la face inférieure des feuilles.
Les plantes parasitées prennent un feuillage décoloré, grisâtre, d’où le nom de « Grise » donné à ce fléau. Une légère toile soyeuse les enveloppe parfois.
Les Araignées rouges étant favorisées par la sécheresse, il est bon d’arroser souvent le feuillage des plantes attaquées. Les insecticides ordinaires étant peu efficaces contre l’Araignée rouge, il a été réalisé des produits spéciaux dits Acaricides.
On observe des dégâts d’Araignées rouges sur les arbres fruitiers, divers légumes, tels que Aubergines, Melons, etc…, ainsi que sur les plantes cultivées dans des serres trop sèches.
Parmi les Acariens nuisibles, il faut également citer les Phytoptes, totalement invisibles à l’œil nu, qui produisent sur les feuilles des plantes des excroissances ou déformations: Phytoptes du Poirier, Erinose de la Vigne, etc… MYRIAPODES.
On trouve dans ce groupe les Millepattes qui peuvent occasionner des dégâts lorsqu’ils sont abondants, en attaquant des racines ou des bourgeons.
Les Iules sont de dimension plus réduite, avec de courtes pattes, et un corps luisant, souvent recourbé. Elles attaquent différentes plantes, et surtout les fraises. La lutte consiste à pailler les Fraisiers, et à « désinsectiser » le sol à la « Sulgine ».

Cloportes

Ces Crustacés fuyant la lumière occasionnent parfois quelques dégâts. On en vient à bout avec la poudre au DDT, surtout dans les serres et les caves à légumes.

Nématodes ou anguillules

Il s’agit de Vers véritables, comparables aux Vers intestinaux, mais de taille microscopique.
Ces Anguillules sont capables de progresser dans les tissus des plantes, et de s’y multiplier. Il en résulte des déformations, telles que boursouflures sur les racines, feuilles épaissies et tordues. Bien souvent aussi des zones se dessèchent ou pourrissent. Les plantes attaquées dépérissent. Les feuilles présentent souvent des parties bru- nies, nettement délimitées par une nervure.
Les dégâts sont fréquents sur les Chrysanthèmes, les œillets, les Laitues, les Poireaux, et bien d’autres plantes. En cas de doute, un examen microscopique permet d’être fixé sur la cause du dégât constaté. Les Anguillules sont d’autant plus difficiles à combattre qu’elles peuvent se conserver très longtemps hors des plantes, dans les terreaux, les bassins d’arrosage, etc…, sous forme de kystes.
En cas d’invasion, on sera amené à désinfecter les locaux, les bassins, le terreau destiné aux semis et rempotages. Le traitement des plantes attaquées consiste à pulvériser à plu- sieurs reprises et en abondance avec un insecticide à base de Parathion (Insecthione). Ce remède est délicat à employer en culture potagère, le Parathion étant toxique.

Mollusques

Limaces et Escargots figurent parmi les plus redoutables ennemis des jeunes plantes. On peut heureusement les détruire en abondance à l’aide de l’appât spécial (Arione) que l’on dis- pose en petits tas ou que l’on sème le long des lignes de semis, ou autour des jeunes pousses de Dahlias et de Bégonias.

Rongeurs

Les Rats, Souris, Mulots, Loirs, peuvent être capturés à l’aide de pièges, mais ce moyen de lutte est souvent insuffisant. Il est heureusement possible de les empoisonner, et cela sans danger pour les animaux domestiques, soit à l’aide des grains empoisonnés spéciaux, soit à l’aide de « Ratinol », spécialité à base de Scille. Cette préparation est mélangée avec un appât qui peut être du pain humecté de lait, des gâteaux secs, etc…

Il y a généralement intérêt à appliquer les grains et appâts empoisonnés massivement et à les renouveler assidûment pendant quelque temps, car les rongeurs qui sont très méfiants, ne s’habituent que progressivement à la présence et au goût des appâts.

Taupes

Elles se nourrissent des insectes du sol. Comme telles, on peut les dire utiles. Malheureusement, elles recherchent aussi les Vers de terre, dont la présence est plutôt favorable.
Les Taupes sont très gênantes par leurs travaux souterrains qui bouleversent plates-bandes et gazons. Aussi les jardiniers désirent-ils s’en débarrasser en plaçant dans les galeries de petits morceaux de viande crue empoisonnée.
La loi tend à interdire cette pratique, ce qui est peut-être excessif.
Observons encore que la désinsectisation du sol éloigne les Taupes qui, privées de ravitaillement vont chercher leur subsistance ailleurs. Elles consomment en effet leur poids de nourriture en 24 heures.
On peut encore déloger les Taupes à l’aide de fumigènes.

Mousses et lichens

Dans les contrées humides, cette végétation spéciale envahit les branches des arbres fruitiers et accélère leur dépérissement. On peut heureusement s’en débarrasser en pratiquant avec soin le traitement d’hiver aux colorants nitrés (Superelgétol et Elgétiver).
La Mousse est également nuisible aux gazons et il existe une poudre spéciale pour la détruire, dite « Lawn Sand >>.

Maladies bactériennes

Les Bactéries sont des êtres vivants très petits. Ils sont responsables de la plupart des maladies atteignant l’homme et les animaux. Les plantes semblent mieux protégées contre leurs attaques. Cependant, il existe sur les plantes diverses maladies bactériennes. Tantôt, il s’agit de tumeurs bactériennes telles qu’on en observe sur les Rosiers, les Oliviers, les racines d’un grand nombre de plantes, les tubercules de la Pomme de terre, etc… Parfois aussi, il se forme des chancres, notamment sur Peuplier.

Diverses bactéries peuvent vivre dans les vaisseaux qu’elles obstruent, provoquant des phénomènes de flétrissure: flétrissure du Melon, Jambe noire de la Pomme de terre, Nervation noire des Choux, Gommose bacillaire de la Vigne, etc…

Enfin, les attaques bactériennes se traduisent souvent par des phénomènes de pourriture: Pourriture bactérienne des Choux, des Navets, des Céleris, des Pommes de terre, des Tomates, Graisse des Haricots, Gras de l’Oignon, Écoulement muqueux des Arbres, etc…
Il n’existe pas encore de remède spécifique contre les maladies bactériennes des plantes. Les mesures à prendre consistent en soins de propreté et de désinfection. On s’efforcera de maintenir les plantes en bon état de résistance en les cultivant dans des conditions qui leur sont favorables, en utilisant des engrais équilibrés, en évitant les variations excessives d’humidité et de température, en enlevant les parties atteintes, en soignant les plaies, etc…

Maladie a virus

Les Virus marquent la limite extrême de la petitesse chez les êtres vivants. Ils sont responsables de diverses maladies telles que la Jaunisse de la Betterave. La Mosaïque du Tabac et de la Pomme de terre se traduit par des taches marbrées sur les feuilles. La maladie à Virus du Fraisier entraîne un dépérissement, avec réduction caractéristique de la surface des feuilles.
Les Virus sont souvent inoculés par des insectes, notamment les Pucerons. La destruction des insectes, et la sélection de plants indemnes constituent actuellement les meilleurs procédés de défense.

Les commensaux

On peut trouver dans les jardins beaucoup d’espèces animales qui, sans avoir d’action directe sur la croissance des plantes, sont tantôt utiles, tantôt nuisibles, agréables ou désagréables à rencontrer, ou simplement susceptibles d’éveiller la curiosité.

Le cadre de cet ouvrage ne nous permet pas d’en entreprendre la description détaillée, mais nous en mentionnerons tout de même quelques-uns. Parmi les Mammifères insectivores, et par conséquent utiles, il faut citer les Chauves-souris, que leur aspect désagréable a trop souvent condamnées. La Musaraigne est une sorte de petite souris au museau allongé, également insectivore. Peu craintive, elle est souvent victime des chats ou des enfants.

Les Hérissons sont des êtres sociables et très utiles.
Les Batraciens: Grenouille, Crapaud, Salamandre, etc., sont tous insectivores et utiles.

Les Reptiles sont en principe utiles comme destructeurs d’insectes et de rongeurs. C’est notamment le cas des Lézards, et de l’Orvet, sorte de serpent bronzé brillant, aux mouvements lents.
Les Couleuvres sont d’une utilité plus discutable, car elles attaquent les grenouilles et les Poissons. Leur présence effraie les personnes non prévenues, mais il ne faut pas les confondre avec les Vipères qui sont les seuls serpents venimeux de notre pays.

Il convient d’accorder une mention favorable aux Araignées, dont les « toiles » sont malheureusement peu esthétiques.
Parmi les Insectes, on peut citer comme utiles les Libellules. les Carabes, les Cicindèles, les Coccinelles, qui sont insectivores.
Beaucoup d’autres insectes jouent un rôle utile en tant qu’insectivores, mais, trop peu nombreux, ou trop petits, ils sont peu connus des jardiniers: Fourmi-Lion, Chrysope, Nécrophore, Ammophile, Ichneumon, etc.

Par contre, on observe souvent une sorte de Punaise, noire et rouge qui vit en bandes au pied des arbres ou des murs. C’est le Pyrrochore ou Suisse, ainsi nommé parce que son ornementation imite une figure humaine. C’est un insecte inoffensif et inodore.
Les Sauterelles doivent également être considérées chez nous comme inoffensives. Il n’en est malheureusement pas de même en Afrique, et même dans notre Sud-Ouest.

Parmi les animaux désagréables par leurs piqûres, outre les Guêpes déjà citées, il faut nommer ici les Moustiques, les Aoutas, les Taons.
La larve du Moustique est aquatique. Pour détruire ces larves, il faut recouvrir de pétrole, ou poudrer avec un insecticide (1), toutes les surfaces d’eau stagnantes telles que regards d’égout, rigoles d’écoulement, mares, etc.

Les Aoutas sont de minuscules Acariens vivant dans les herbes, les planches de Haricots, etc. Leur piqûre est très irritante. Dans certaines contrées, les Aoutas sont abondants. La lutte avec des acaricides ne pourrait donner de bons résultats que si elle était pratiquée sur une grande échelle.
On peut se protéger des piqûres par le port de bottes en caoutchouc, et diminuer la douleur avec des lotions d’eau blanche ou les spécialités vendues contre les piqûres d’insectes.

Accidents et Maladies non parasitaires

Les maladies des plantes ne sont pas toujours provoquées par des parasites. Nous avons déjà montré que le manque d’engrais ou leur mauvais équilibrage amène de véritables maladies et facilite certaines autres. Nous avons également parlé de la Chlorose dont une des causes est la présence d’un excès de calcaire dans le sol.

Nous avons encore à étudier ici un certain nombre d’accidents de végétation dus à des causes diverses, connues ou inconnues.

Apoplexie

Ce terme est surtout appliqué à la Vigne. Il désigne le dessèchement subit d’une souche pendant l’été. Bien d’autres plantes peuvent présenter des accidents du même genre, totaux ou partiels, que l’on appelle Coups de soleil, Folletage, Grillage, etc… Ils peuvent avoir des causes multiples et souvent combinées telles que : attaques bactériennes, conséquence lointaine du gel, plaies infectées, sécheresse, asphyxie des racines, etc… »
Il n’existe par conséquent aucun remède général, et en présence d’un cas donné, on s’efforcera d’identifier la cause, afin d’en déduire le remède adéquat: traitement d’hiver de la Vigne, et des arbres, pansement des plaies, arrosage, ombrage, recépage, etc…

Gomme

Les Pêchers, Cerisiers, Pruniers, et autres arbres ana- logues peuvent présenter un écoulement de gomme. Ce phénomène souvent accompagné de dépérissement, peut être dû à plusieurs causes très différentes piqûres d’insectes, attaques de cryptogames, à-coups de température ou d’humidité, déséquilibre alimentaire, présence de toxiques dans le sol, blessures et chocs.
Le traitement d’hiver, très polyvalent vis-à-vis des parasites, et agissant comme tonifiant des tissus, fait souvent régresser la Gomme. On veillera également à la fumure.

Coulure

On désigne ainsi les accidents relatifs à une mauvaise fécondation des fleurs, ainsi que la chute massive des jeunes fruits. Les causes possibles en sont le froid et l’humidité au printemps, la faim d’azote, l’excès de vigueur des jeunes arbres, l’absence de variétés pollinisantes, et divers parasites affaiblissants: Pucerons, Coryneum, Monilia.
En conséquence, les remèdes à envisager sont une taille longue et tardive, l’utilisation d’abris, la plantation de variétés à bon pollen, les fumures rationnelles et les traitements antiparasitaires. Il faudra souvent tâtonner avant d’arriver à la solution idoine.

Accidents de maturation des fruits

Un des plus fréquents est le « Liège » des Pommes. On voit se former dans le fruit des points ressemblant à des fragments de liège. Cet accident atteint les Pommes à chair tendre, telles que Calville et Canada. On l’attribue soit aux variations excessives de la teneur en eau du sol, soit au manque de certains éléments fertilisants tels que le Bore.
En conséquence, on utilisera les engrais spéciaux, dont certains s’appliquent en pulvérisation et si possible on maintiendra la fraîcheur du sol par les arrosages et les binages.
Signalons encore la Lithiase, ou chair pierreuse des poires due tantôt aux piqûres d’un insecte appelé Calocoris, tantôt à une sécheresse excessive, tantôt à la culture de variétés prédisposantes.
La « Chair vitreuse » des Pommes est un accident d’origine inconnue, heureusement peu fréquent.
En cours de conservation, les fruits présentent aussi des accidents : flétrissement, maturité incomplète ou accélérée, pourritures, etc… qui sont en rapport avec les caractéristiques du local, ou résultant d’une récolte anticipée, ou sont la conséquence d’une saison défavorable.

Etiolement, verse, etc….

Les accidents de ce genre sont le plus souvent dus à ce que les plantes sont placées dans une situation trop ombragée, ou cultivées à des intervalles trop rapprochés. Nous aurons souvent l’occasion de montrer que les besoins des plantes en lumière sont assez variables. Il importe d’en tenir compte.
Les engrais mal équilibrés, et diverses maladies telles que Rouilles, Oïdium, etc…, ont également pour effet d’aggraver l’étiolement.

Asphyxie et pourriture des racines

L’état d’une plante ne fait souvent que refléter l’état de ses racines. Ces dernières pour se développer convenablement ont besoin d’un sol poreux, meuble, aéré, non saturé d’eau. Seules, quelques espèces font exception. C’est pourquoi un sol argileux et compact favorise certaines espèces et défavorise certaines autres. Nous en reparlerons.

Action du sel

Le sel marin, contenu dans certains sols ou certaines eaux d’arrosage, ou utilisé pour faire fondre la neige, est plus ou moins nuisible selon la proportion et selon les plantes. En général, le sel ralentit fortement la végétation. On trouvera plus loin une liste de plantes supportant bien le sel.
Au bord de la mer, et même à une certaine distance des côtes, on observe parfois des brûlures de feuilles dues aux embruns transportés par le vent les jours de tempête. Le seul remède consiste en aspersions abondantes.

Action des émanations

Différentes industries laissent échapper du gaz sulfureux, du chlore, de l’acide chlorhydrique, de l’ammoniaque, etc…
Le gaz sulfureux existe toujours dans l’atmosphère des villes, car il est produit par la combustion de la houille, et plus encore du mazout dont la teneur en soufre est élevée.

Ces divers gaz produisent sur les feuilles des brûlures plus ou moins accentuées, des décolorations, des enroulements… Il est cepen- dant difficile de les identifier avec certitude. Le caractère le plus sûr est peut-être le fait que ces brûlures atteignent des plantes très diverses, alors que les maladies parasitaires, n’agissent que sur des espèces définies et peu nombreuses.

Il est parfois possible d’obtenir que les industries responsables remédient à la situation ou versent des indemnités. Nous donnons plus loin une liste de plantes supportant bien l’atmosphère des villes.

Action du gaz d’éclairage

Les conduites souterraines présentent parfois des fuites. Le gaz se répand alors dans le sol, chassant devant lui l’oxygène. Le milieu devient anaérobie et réducteur. Les Bactéries qui s’y développent détruisent les racines des plantes et des arbres.
Les végétaux atteints se flétrissent et meurent. Leurs tissus acquèrent une teinte violacée et une odeur spéciale. La réduction de l’oxyde de fer communique à la terre une couleur foncée.
Les fuites sont parfois difficiles à diagnostiquer, car le gaz filtrant lentement à travers le sol se trouve désodorisé. La mort de toute végé- tation sur une surface bien délimitée, réduite à quelques mètres carrés, est un symptôme assez caractéristique.

En présence d’un tel accident, il importe avant tout de faire réparer la fuite, et éventuellement d’établir la responsabilité des dégâts.
Après réparation, la terre retrouve généralement sa fertilité par dégazage et aération, ce qui exige un délai variable selon le volume et la profondeur atteints par le gaz : 5 à 10 mois en général, parfois davantage.

Sauf au voisinage immédiat des conduites, ou dans le cas de fuites ayant persisté long- temps, il ne reste dans le sol aucun produit susceptible de diminuer la fertilité de façon durable. Le gaz actuel, bien épuré, est moins nuisible à ce point de vue que le gaz fabriqué autrefois.
En cas de doute, ne planter en première année que des végétaux de faible valeur. Changer la terre ayant conservé une teinte anormale ou une odeur persistante. Enfouir 50 grammes par mètre carré de sulfate de fer.

Les végétaux partiellement intoxiqués se rétablissent parfois d’eux-mêmes lorsqu’ils appartiennent à des espèces formant facilement de nouvelles racines: Troènes, Rosiers, Lierre. D’autres espèces résistent mal à l’intoxication: Glycines, Ampélopsis, Arbres frui- tiers, Conifères.
Dans les appartements et les serres, des traces persistantes de gaz, dues généralement à des robinets en mauvais état, occasionnent divers accidents tels que : chute ou avortement de boutons à fleurs, flétrissement des jeunes pousses. La santé des habitants peut en souffrir également. Il importe donc de veiller au bon entretien des installations.

La foudre

On attribue parfois à la foudre des dépérissements dont la cause est toute autre, généralement l’envahissement du bois par des champignons.
Lorsque la foudre touche un arbre, elle produit sur toute la hauteur du tronc une plaie bien visible, rectiligne, de quelques centimètres de largeur. Cette plaie, en rapport avec la nature explosive de la foudre, présente souvent des esquilles plus ou moins arrachées. Elle peut être une cause d’infection du bois. Il serait bon de la régulariser et de la recouvrir de mastic à cicatriser, ce qui représente un travail assez important.
Les arbres ainsi détériorés se rétablissent plus ou moins bien selon les espèces.

Brulures dues aux traitements

Les erreurs dans le dosage ou dans l’époque d’emploi des produits, ainsi que l’emploi en mélange de produits non compatibles, ou les variations dues au manque d’agitation des bouillies, peuvent provoquer sur les feuillages des brû- lures plus ou moins spectaculaires, allant parfois jusqu’à la chute totale des feuilles.
C’est le cas, par exemple pour les bouillies cupriques employées à tort sur le feuillage des Pêchers, ou bien avec le mélange de Soufre et d’une émulsion huileuse.
Sur les arbres fruitiers et autres plantes arbustives, la brûlure des feuilles et des fruits n’a pas en général de conséquence sur l’avenir de la plantation, car les racines et le bois restent indemnes.
Nous ne saurions trop recommander ici de lire attentivement les prospectus, de respecter les dosages, d’éviter les mélanges compliqués, d’utiliser de bons appareils.
Lorsque les brûlures se produisent au printemps, on peut chercher à provoquer un départ immédiat de nouveaux yeux en donnant des arrosages à l’engrais soluble (par exemple type Elgeflora). Lorsque les brûlures se produisent plus tard en saison, il vaut mieux ne pas chercher à provoquer un nouveau départ, et laisser les arbres au repos, sans arro- sage, et sans engrais jusqu’en hiver.
Bien entendu, lorsque l’erreur est rapidement découverte, il est indiqué d’asperger abondamment les feuillages à l’eau pure, afin de les laver.
Si les brûlures de feuilles sont sans conséquence grave, il n’en est pas toujours de même pour les brûlures de racines, dues soit à l’utilisation d’un désherbant total, parfois confondu avec un engrais, soit à l’utilisation sur terrain planté d’un désinfectant destiné à être employé sur sol nu. En pareil cas, il faut répandre sur le sol 50 grammes par mètre carré de sulfate de fer, puis arroser abondamment, afin de laver le sol, mais sans le saturer d’eau.

Si les arbres fruitiers ont tendance à se flétrir, il faut asperger le feuillage et le bois, ou encore couper quelques rameaux et les coiffer d’une bouteille pleine d’eau, dite biberon. On permet ainsi à l’arbre de tenir jusqu’au moment où la fonction des racines se rétablit.
Droits des voisins

On peut exiger des voisins la destruction sur leurs fonds des para- sites susceptibles de se répandre : champignons, insectes, gui, etc… Inversement, l’emploi d’insecticides ou de désherbants, notamment par vent fort, ne doit pas occasionner de gêne ou de dégât chez les voisins.

Dans une propriété close de murs d’au moins 2 mètres, on peut installer une rûche à une distance quelconque du voisin. Ailleurs, on tiendra compte des arrêtés préfectoraux qui sont fort variables, la distance prescrite pouvant aller de 5 à 50 mètres.
Les oiseaux

Selon les espèces et les circonstances, les oiseaux peuvent être très utiles ou très nuisibles.
Parmi ceux qui sont uniquement insectivores et incontestablement utiles, figurent les hirondelles, les fauvettes, les rouges-gorges, et les oiseaux de nuit. On ne les protégera jamais trop.

Malheureusement, il existe d’autres espèces, qui peuvent être occasionnellement insec- tivores, mais qui font payer très cher leurs services en déterrant les semis, en arrachant les bourgeons des arbres fruitiers, en piquant les poires presque mûres, en enlevant les cerises, etc…
Parmi ces suspects figurent le moineau, la mésange, les merles, les pies, les cor- neilles, etc…

Aussi est-on souvent tenté de détruire ces oiseaux, soit à l’aide des chats on rem- place ainsi un inconvénient par un autre soit en utilisant des pièges, une carabine, ou des appâts empoisonnés, dont l’usage est actuellement très sévèrement réglementé.
On peut aussi protéger les semis, tout au moins de faible surface, à l’aide d’un grillage tendu sur un cadre en bois ou de fils déroulés sur le sol.
De nombreux types d’épouvantails ont été imaginés, tête de chat, bandes métalliques bruyantes, pétards à répétition, etc…
On a aussi proposé d’enduire les graines de produits répulsifs, tels que goudrons, minium délayé dans de l’eau, etc…
On peut souhaiter que l’effort se poursuive en vue de trouver une protection efficace, tant sur le plan technique que sur le plan légal.

Origine et choix des produits

La fabrication des produits de défense des cultures est aujourd’hui un des plus beaux fleurons de notre industrie chimique. Son histoire ne peut malheureusement pas être contée ici en détail.

Il faudrait remonter à l’antiquité pour trouver la trace des premières entreprises de l’homme combattant les insectes à l’aide de divers extraits de plantes.

Vers la fin du siècle dernier, les plaies successives qui s’abattirent sur nos vignobles suscitèrent de nombreuses recherches. Millardet et Gaillon inventèrent la bouillie bordelaise, gloire qui leur fut d’ailleurs contestée. A cette époque, Duchartre avait déjà démontré l’efficacité de la fleur de soufre contre l’oïdium, tandis qu’un horticulteur de Montrouge, M. Gontier, fabriquait le premier soufflet à poudrer.

Le pulvérisateur, qui n’était d’abord qu’un simple balai, trempé dans la bouillie, et agité au-dessus des plantes, fut bientôt perfectionné. Riley inventa le jet à tourbillon, encore utilisé, et Vermorel devint uni- versellement célèbre dans la fabrication de ces machines.
L’horticulture et le jardinage furent bientôt en mesure de bénéficier de ces procédés grâce aux efforts persévérants de Georges Truffaut, dont les laboratoires, installés à Versailles, mirent au point d’innom- brables formules, depuis les insecticides à la nicotine, jusqu’aux colo- rants et autres désinfectants de synthèse.

Les matières premières nécessaires à cette pharmacie pour plantes ont les origines les plus diverses. Quelques-unes sont fournies par les végétaux eux-mêmes: la nicotine provient du tabac. La Roténone est extraite des racines de diverses plantes tropicales. La pyréthrine provient des fleurs d’une sorte de marguerite cultivée en Asie et aussi en France.

L’industrie du pétrole fournit des huiles émulsionnées, et divers produits de transformation, en particulier des mouillants, des adhésifs, des cires, etc… sans parler de cette base essentielle de toute fabrication: l’énergie.

L’industrie électrolytique fournit notamment le chlore qui entre dans un grand nombre de composés, depuis le DDT découvert en Suisse, puis lancé en Amérique, jusqu’au moderne Lindane, en passant par les hormones de synthèse, les chlorophénols, les chlorates.
L’industrie de la nitration, apparentée à celle des explosifs, nous livre les nitrophenols et notamment le dinitrocrésol, base des Elgetols et de divers désherbants.

Quant aux produits cupriques et soufrés, ils dépendent essentiellement des industries minières et extractives, ainsi que divers autres produits fongicides et la plupart des engrais. Le paisible jardinier, vivant au milieu de ses plantations, a parfois quelque peine à imaginer toute cette chaîne de transformations compli- quées, de fours, de colonnes à distiller, d’autoclaves, de mélangeurs, de broyeurs qui vient finalement prendre fin dans le réservoir de son pulvérisateur…

Il est bien normal que tout cela lui semble un peu mystérieux, et qu’il ait même quelque hésitation à choisir le produit dont il a besoin. C’est pourquoi nous avons songé à l’aider en écrivant ce livre. De nombreux renvois permettent au lecteur de trouver en bas de page des noms de produits convenant à l’usage dont il est question.

Nous insistons sur un point. Les noms cités sont en usage au moment où ce livre est mis sous presse. Dans une profession en évolution rapide comme la nôtre, ils peuvent changer souvent.

Chacun devra donc compléter ce livre par un catalogue de spécialités qu’il renouvellera chaque année. Une simple demande sur carte postale permet de recevoir ce catalogue gratuitement.

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