Jardin et potager

Les engrais : Pour un jardin plein de potentiel

Telle fumure, telle récolte. Tous les agriculteurs et amateurs de jardins savent que, pour obtenir de belles récoltes, il faut que la terre soit copieusement fumée.

Certains éléments spéciaux, la potasse, le phosphore, la chaux, la magnésie, le soufre, etc… sont aussi indispensables aux plantes que le sont pour nous la viande, le sucre, les pommes de terre. En conséquence, si la terre ne contient pas assez de potasse ou si on n’en apporte pas par les engrais, les récoltes seront mal alimentées et l’azote ou l’acide phosphorique que l’on y aurait apportés comme engrais ne suffiraient pas à obtenir d’excellents résultats c’est la « loi du minimum »: la récolte est proportionnée à la quantité de l’élément le plus rare dans le sol.

Et c’est pourquoi un engrais véritablement complet doit contenir quelque 32 corps simples indispensables à la vie végétale, et dans une proportion bien déterminée, variable avec les besoins des plantes et la nature du sol.

Il nous reste à examiner comment, dans la pratique, on peut assurer aux plantes une nourriture rationnelle.

Le Fumier et l’Humus

Dans l’esprit des cultivateurs, l’idée fumure est étroitement associée à l’idée fumier. En fait, l’apport de fumier amène presque toujours une augmentation de la récolte.

Nous savons aujourd’hui que cette augmentation n’est pas unique- ment due à la teneur en éléments assimilables de fumier. Le fumier est, évidemment, un engrais complet: du fait même de sa fabrication, il contient tous les éléments constitutifs des plantes. Mais l’analyse montre que ces éléments y sont en faible quantité et dans des proportions qui s’éloignent notablement des exigences de la « loi du minimum ».

Voici, par exemple, un tableau comparatif entre la teneur du fumier riche et celle d’un engrais complet: la Superbiogine. La teneur est exprimée en grappes par kilogramme

On voit d’après ces chiffres que 1 kilogramme de Superbiogine contient autant de principes nutritifs que 71 kilogrammes de fumier de vache ou 38 kilogrammes de fumier de cheval. En ce qui concerne l’acide phosphorique, la proportion est de 1 à 200.
Comprise ainsi, la fumure au fumier représente donc un prix de revient au moins 20 fois plus élevé que la fumure à la Superbiogine.

Le fumier, en tant qu’engrais assimilable, serait donc un non-sens. Mais on sait aujourd’hui que le fumier n’apporte pas seulement des éléments nutritifs. Sa décomposition produit dans le sol cette matière noire qu’on appelle l’humus, très utile au point de vue de la consistance du sol qui devient meuble, perméable à l’air et aux racines. L’humus retient parfaitement l’eau d’arrosage et les engrais qui, sans lui, s’infiltreraient prématurément dans le sous-sol.

Enfin, nous verrons plus loin que l’humus constitue le substratum idéal pour les bactéries du sol dont le rôle est très important.
Le fumier, en tant que source d’humus, est par conséquent un amendement très précieux, et il donne de bons résultats dans tous les terrains qui ne sont ni riches en humus, ni acides.

Le fumier, malheureusement, est aujourd’hui rare et cher. Devant l’impossibilité de s’en procurer, il faut recourir à d’autres moyens pour donner au sol l’humus indispensable, l’apport des éléments minéraux étant surtout demandé aux engrais complets spéciaux.
Un bon moyen d’apporter au sol de l’humus est la préparation des terreaux et composts que l’on obtient en entassant dans un coin du jardin toutes sortes de résidus, tels que feuilles mortes, débris de paille, ordures ménagères, etc…

On facilite la décomposition du mélange en le disposant en couches alternées avec de la terre. Le tas doit rester constamment humide. Il est bon de le recouper de temps en temps, et si certains matériaux sont trop grossiers, il faut passer à la claie avant l’emploi. On peut aussi accélérer la transformation du tas de compost en le saupoudrant d’éléments minéraux convenablement dosés.

Engrais verts

Un autre moyen pour former de l’humus est de recourir aux « engrais verts ». On désigne ainsi des plantes à végétation rapide, telles que Lupin, Vesce, Moutarde, que l’on sème après une récolte, ou bien entre les rangées d’arbres fruitiers.

Quand ces plantes commencent à fleurir, on les enfouit sur place. Cette bienfaisante pratique, économique, très efficace, peut se substituer au fumier dans tous les cas où il manque; mais, tout comme le marnage, elle n’est pas suffisamment en honneur.

Fumier artificiel

On peut encore préparer un « fumier artificiel » assez proche du vrai fumier, en faisant fermenter de la paille préalablement imprégnée d’eau et d’engrais. Toutefois, la réussite de l’opération exige quelques précautions.

En premier lieu, l’imprégnation à fond de la paille est plus difficile qu’on ne le pense. On ne peut espérer la réaliser du premier coup, mais seulement après plusieurs arrosages répétés à quelques jours d’intervalle.

On peut utiliser non seulement des pailles de céréales quelconques – auprès d’une ferme ces pailles n’ont qu’une valeur insignifiante – mais aussi tous les déchets de jardin, que ce soient des fanes de pois, des tiges de maïs, des feuilles et fleurs coupées, des coupes de gazon, etc…
On disposera ces matériaux sur une aire battue ou mieux cimentée.

On montera le tas par couches successives, en mélangeant le tout. Chaque couche de 50 centimètres d’épaisseur sera saupoudrée d’un engrais riche en azote (1), bien tassée, et copieusement arrosée.
Pour obtenir une bonne fermentation, il faut éviter les pertes de chaleur, donc opérer de préférence en été et sur un tas assez grand, plusieurs mètres cubes si possible.

Des arrosages successifs compléteront le mouillage: il faut tabler sur un total de 3 mètres cubes d’eau pour une tonne de paille. C’est considérable, et pour éviter le lessivage il est bon d’avoir une installa- tion permettant de récupérer l’eau qui s’écoule à la base du tas et forme un véritable purin. Cette eau servira aux arrosages suivants.

La fermentation se traduit par une élévation de température. Si elle tarde à s’amorcer, il faut renforcer les arrosages, et bien tasser la paille. Si cela ne suffit pas encore, il faut démonter le tas, puis le remonter en mélangeant les différentes parties, et en tassant soigneusement les couches successives. On peut aussi amorcer en arrosant avec un peu de purin véritable mélangé d’eau.

Pour la fumure des jardins, il est recommandable d’utiliser ce fumier lorsqu’il est déjà très bien décomposé, ce qui demande de 3 à 6 mois, ou plus, selon l’activité de la fermentation.

Nous devons encore signaler que, tout récemment, on a proposé de remplacer les doses massives d’humus qu’il faut apporter au sol par de petites quantités de matières colloïdales, non décomposables dans le sol, et susceptibles de coaguler l’argile, donnant ainsi aux terres compactes la porosité qui leur manque, empêchant aussi le battage par la pluie. Les premiers essais ont été encourageants, mais le prix de revient reste élevé.

les engrais

Les engrais complets

Que l’on utilise, pour fournir de l’humus, du fumier, du terreau. ou des engrais verts, et ceci après avoir chaulé s’il y a lieu, pour corriger l’acidité du sol, nous savons parce qui précède que ces diverses opé- rations ont, avant tout, pour but une préparation parfaite du «< milieu physique » où se développeront les racines.

Il nous reste maintenant à placer dans ce milieu favorable un engrais complet qui apportera tous les éléments nécessaires à la nutrition des plantes. C’est ce que l’on appelle la fumure minérale.

Un sol amendé et non fumé, c’est un contenant sans contenu, c’est un portefeuille sans billets de banque…
Les chapitres précédents nous ont montré que les plantes soustraient au sol des élé- ments très variés. Certains peuvent exister en abondance dans la terre considérée, comme d’autres peuvent manquer ou ne pas être assimilables. Il suffit qu’un seul des 32 éléments manque pour que la récolte baisse souvent plus de moitié.

Il vaut donc mieux faire trop bien les choses et restituer au sol trop de nourriture qu’en restituer trop peu ou d’oublier dans la restitution un-des corps nécessaires. C’est ce qui implique la nécessité des engrais véritablement complets, contenant toutes les substances utilisées par les plantes et jouant en quelque sorte le rôle d’une véritable assurance contre les déficiences alimentaires.

La préparation des engrais complets s’est fortement perfectionnée depuis vingt ans, parce que les besoins des plantes sont mieux connus, mais aussi parce que l’industrie chimique a mis au point des matières nouvelles, plus concentrées, plus riches, entièrement solubles à l’eau, et éliminant les éléments nuisibles que contenaient autrefois les engrais. Pour les besoins de l’horticulture, notamment, le progrès est considérable.

Par exemple, un mélange d’engrais couramment utilisé autre- fois était composé des quatre corps ci-après : Nitrate de soude, Sulfate d’ammoniaque, Superphosphate, Sylvinite.

Ce mélange apportait au sol les éléments indispensables que sont l’azote, le phosphore et la potasse. Mais il apportait aussi le sodium du nitrate de soude, l’acide sulfurique du sulfate, le chlorure de sodium de la sylvinite. Il en résultait un risque de brûlure des plantes, et de coagulation des argiles, ce qui obligeait à une grande prudence dans les doses d’emploi, surtout si la terre n’était pas arrosée régulièrement,
ni chaulée.
Actuellement, on sait fabriquer le mélange suivant, ne comprenant que deux composants :

Phosphate de potasse, Nitrate d’ammoniaque, qui, sous un poids trois fois moindre, apporte les mêmes quantités d’éléments utiles, et même, lorsque les proportions sont convenables, altère si peu les tissus qu’on peut l’appliquer en pulvérisations sur les feuillages.

L’emploi des engrais complets par épandage est très simple. Il suffit de les semer le plus uniformément possible à la dose indiquée : 35 à 50 grammes par mètre carré, pour les plus concentrés, 100 grammes environ pour les autres.
Ces doses peuvent être exceptionnellement doublées sur un terrain rarement fumé, ou encore sur un sol très épuisé par les racines des arbres fruitiers.

L’épandage se fait généralement avant le labour de printemps ou avant la préparation du sol pour une culture quelconque. Le travail du sol facilite alors la répartition de l’engrais.

Les engrais très solubles peuvent être répandus n’importe quand à la surface du sol, en veillant à n’en pas répandre sur les feuilles qui seraient brûlées aux points de contact. Arroser abondamment après épandage.

Ainsi que nous l’avons déjà expliqué, l’engrais se dissout dans l’eau qui imprègne la terre et constitue une véritable solution nutritive.
Par conséquent, les engrais complets ne donnent leur plein rendement que dans les sols arrosés régulièrement.
Si le terrain est sableux, desséchant, et qu’on ne puisse l’arroser à volonté, épandre seulement le tiers des doses indiquées, et y revenir deux ou trois fois par an.

On comprend d’après ces indications, qu’un engrais minéral très concentré, exempt de sels étrangers, est meilleur qu’un engrais moins concentré. Cependant, une nouvelle formule se fait jour également. Elle consiste à prendre un engrais minéral moderne, et à le mélanger avec un fort volume de matières organiques, telles que tourteaux, vinasses de betteraves, tourbe ammonisée, sang desséché, corne torréfiée, fumier desséché, etc…

Le but de cette opération est d’offrir en une seule présentation l’humus et les sels miné- raux. Il y a beaucoup d’avenir dans cette formule, du moins pour le petit jardinage. Mais le résultat n’est parfait que si l’on parvient à apporter au sol une quantité d’humus suffi- sante. Or, on sait que pour remplir cette condition dans un jardin, il faut un poids important de matière organique: 200 grammes et plus au mètre carré.

Une application particulière de ces complexes organo-minéraux est l’emploi en couver- ture sur les corbeilles de fleurs et les semis. On empêche ainsi que la terre ne soit battue par les arrosages, et on facilite l’enlèvement des mauvaises herbes. Leur couleur foncée améliore la présentation des plantes.

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