Voyages

Les vaccinations du voyageur

Parmi les risques liés aux voyages, les infections représentent sans nul doute la partie la plus aisément accessible à la prévention. Au moins pour certaines d’entre elles. La fréquence et la gravité des risques infectieux varient beaucoup selon les pays visités, voire les régions d’un même pays. Enfin, le risque infectieux peut aussi différer selon les caractéristiques du voyage – zone urbaine, zone rurale ou « aventure » – et du voyageur – âge, sexe, comportement. Il est donc essentiel de se préoccuper avec la plus grande attention des vaccinations requises, obligatoires ou conseillées.

Cet article ne fait référence qu’aux infections auxquelles l’on peut être notamment exposées lors d’un déplacement, particulièrement sous les tropiques, et susceptibles d’être prévenues par la pratique vaccinale.

Remarque préliminaire : il est bon de ne pas se cantonner aux seules vaccinations rendues obligatoires par les états mais prendre aussi en considération celles qui sont « seulement » recommandées.

Les « grands classiques »

Un point essentiel : pour tous les voyageurs, et quelle que soit la destination, il est impératif de mettre à jour les vaccinations contre le tétanos, la poliomyélite et la diphtérie. La durée de protection du vaccin contre la poliomyélite est de 10 ans après le dernier rappel. Il ne faut pas oublier que ce virus redoutable persiste à l’état endémique dans tous les pays en développement.

D’autre part, il existe toujours un risque de tétanos à la suite d’une blessure, même minime.

Quant à la diphtérie, celle-ci est très commune sous les tropiques, ainsi que dans les pays de l’ex-URSS.

En ce qui concerne les enfants, il convient naturellement de suivre le calendrier vaccinal français, sans oublier la rougeole, à partir de 9 mois, suivie d’une revaccination sis mois plus tard en association avec les oreillons et la rubéole.

Les risques particuliers

Fièvre jaune

La fièvre jaune est endémo-épidémique en Afrique et en Amérique tropicales. Cette maladie, mortelle dans 60% des cas, n’est en revanche jamais parvenue à s’implanter en Asie, Océanie ni dans l’océan Indien. La vaccination est indispensable pour tous les séjours dans une zone intertropicale d’Afrique ou d’Amérique du Sud, y compris en Guyane française. Elle est exigible à partir de l’âge de 1 an et possible dès 6 mois. S’agissant d’un vaccin vivant atténué, celui-ci est déconseillé chez la femme enceinte. Celui-ci est réservé aux centres agréés de vaccination. La vaccination, valide 10 ans, consiste en une seule injection au moins 10 jours avant le départ pour la primovaccination. En cas de rappel, la protection est immédiate.

Encéphalite japonaise

Il s’agit d’une maladie entraînant un fort taux de mortalité et de séquelles neurologiques. Elle est endémo-épidémique dans toute l’Asie du Sud-Est, avec un risque maximal dans les zones rurales et les régions de rizières (surtout durant la mousson) où coexistent le moustique vecteur et le porc réservoir animal. La gravité de cette maladie est représentée par la possible survenue d’une grave méningo-encéphalite. Il existe un vaccin inactivé utilisable dès l’âge de 1 an. Le vaccin est administré dans les centres agréés de vaccination selon la séquence suivante : 3 injections à J0, J7 et J30 ; la dernière au moins 10 jours avant le départ (+ rappel 2 ans plus tard).

Hépatite A

Cette maladie virale est extrêmement fréquente en dehors de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Japon. D’une manière générale, plus le pays est « pauvre » et plus le risque est élevé. Heureusement, elle est rarement grave, néanmoins elle rend « très malade » compte tenu de l’intensité et de la durée des symptômes. La vaccination est indiquée pour tous les déplacements dans les pays où l’hygiène est précaire et tout particulièrement chez les personnes porteuses d’une maladie chronique du foie. Le vaccin est très efficace, 2 à 3 semaines après une seule injection. Un rappel effectué 6 à 12 mois après la primovaccination assure une protection d’au moins 10 ans.

Hépatite B

En dehors des recommandations du calendrier vaccinal, cette vaccination est recommandée pour des séjours fréquents ou prolongés dans les pays à haut risque (Afrique et Asie). L’hépatite B est une maladie grave pouvant évoluer vers une cirrhose et/ou un cancer du foie. La vaccination comprend 2 injections à 1 mois d’intervalle, un rappel 6 mois après, puis éventuellement tous les 5 ans.

Typhoïde

La vaccination est fortement recommandée pour les séjours prolongés ou se déroulant dans de mauvaises conditions sanitaires dans les pays où l’hygiène est précaire. La typhoïde est très répandue dans les pays en développement. Les zones à haut risque sont le Maghreb, le sous-continent indien, l’Asie du Sud-Est et l’Amérique du Sud. En pratique, il suffit d’une injection 15 jours avant le départ. La protection conférée est de 3 ans. Cette vaccination est possible chez l’enfant à partir de 2 ans.

Choléra

Cette maladie n’atteint en principe qu’exceptionnellement le voyageur (tout au moins celui qui respecte les mesures d’hygiène habituelles : hygiène alimentaire et lavage des mains), mais est très répandue dans les pays en voie de développement. A noter la récente commercialisation en ville d’un nouveau vaccin anti-cholérique administré par voie buccale. Il est indiqué dans l’immunisation des adultes et des enfants de plus de 2 ans. La primovaccination comprend 2 doses pour les adultes et les enfants de plus de 6 ans et 3 doses pour les enfants entre 2 et 6 ans. Les doses sont administrées à intervalle d’une semaine minimum, sans dépasser 6 semaines entre 2 doses. La vaccination doit être terminée une semaine avant le départ. En cas de besoin, on peut effectuer un rappel au bout de 2 ans pour les adultes et les enfants de plus de 6 ans ; au bout de 6 mois pour les enfants entre 2 et 6 ans.

Méningites à méningocoque A + C

Elles sévissent notamment en Afrique à certains moments de l’année. La vaccination (il existe plusieurs types de vaccins) peut être mise en œuvre à partir de l’âge de 2 ans.

Rage

La rage est présente peu ou prou dans tous les pays tropicaux (animaux errants en particulier). Elle l’est d’ailleurs aussi en Europe et en Amérique du Nord ! La vaccination anti-rabique préventive doit être envisagée pour un séjour prolongé ou « aventureux » et en situation d’isolement (en pratique à plus de 48 heures d’un centre médical apte à traiter correctement une morsure potentiellement rabique) dans un pays à haut risque (Asie et notamment l’Inde). Il faut savoir y penser pour les enfants dès l’âge de la marche. Le vaccin est aussi bien toléré que les autres. Le protocole prévoit 3 injections à J0, J7 et J21 (ou J28), suivies d’un rappel 1 an plus tard. La durée de protection est de 5 ans. Attention : la vaccination préventive ne dispense pas d’un traitement curatif qui doit être mis en œuvre le plus tôt possible en cas d’exposition avérée ou suspectée.

Ne pas oublier la grippe !

Les infections respiratoires sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne le pense chez le voyageur et il ne faut pas oublier que la grippe sévit toute l’année dans les zones tropicales et intertropicales, parfois sur un mode épidémique. Cela étant, la prise de conscience du problème posé par les grippes du voyageur a été tardive. Le problème est en fait double car, d’une part, un voyageur peut se rendre dans un pays où sévit une épidémie de grippe ou des cas sporadiques, et d’autre part , le touriste voyage souvent en groupe et il suffit qu’une personne soit porteuse d’un virus grippal au sein de celui-ci pour que la grippe se propage à l’ensemble du groupe, surtout s’il s’agit d’un car ou d’un bateau. Assez pour gâcher des vacances, voire même être à l’origine de complications aussi graves que celles observées en France lors des épidémies hivernales.

Dans les deux cas les sujets à risque demeurent bien entendu les mêmes, et ce sont en général des virus proches qui circulent dans les deux hémisphères. Il est donc logique de faire un effort sur la vaccination antigrippale du voyageur.

Si un voyage à l’étranger peut permettre opportunément de « rattraper » la vaccination d’un sujet à risque qui aurait omis celle-ci, une vaccination antigrippale réalisée dans ce contexte présente aussi d’autres intérêts. Songeons en effet tout à la fois au jeune qui au retour d’un voyage risque de contaminer son entourage, au sein duquel se trouve peut-être des sujets à risque. Enfin, après l’épisode du SRAS, on est à la merci dans un aéroport d’une caméra thermique qui peut entraîner votre mise en quarantaine !

Les centres de vaccinations disposent d’un stock de vaccins antigrippe, même en dehors de la période habituelle de vaccination dans notre pays, c’est à dire d’octobre à décembre.

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