L’arythmie : Causes et traitement
De quoi s’agit-il ?
L’arythmie, plus précisément appelée fibrillation auriculaire, traduit la disparition du rythme normal, dit sinusal, au profit d’un rythme anarchique et irrégulier, fait d’extrasystoles (contraction cardiaque prématurée par rapport au rythme cardiaque habituel) provenant des oreillettes du cœur. Il s’agit de la maladie du cœur la plus fréquente.
Quelles en sont les causes ?
Le rythme normal, « sinusal », naît au sein d’un groupe de cellules « spéciales » de l’oreillette droite. Il s’agit en fait d’un petit influx électrique imperceptible qui diffuse dans les toutes les cavités du coeur et provoque la contraction des cavités cardiaques, de façon synchrone et régulière avec une fréquence comprise entre 50 et 180 battements par minutes selon que le sujet est au repos ou à l’effort. Lorsque les cellules myocardiques (muscle du coeur) des oreillettes sont « stressées », elles produisent des extrasystoles, anarchiques, très rapides, qui coiffent le rythme sinusal, beaucoup plus lent, et qui ne sont pas assez efficaces pour permettre une contraction efficace des oreillettes. Cela à pour conséquence d’accélérer le rythme du cœur, de le rendre irrégulier et favoriser la survenue de petits caillots, surtout dans les oreillettes dans lesquelles le sang aura tendance à stagner.
De nombreuses maladies cardiaques peuvent entraîner une arythmie : souffles au cœur,hypertension artérielle, angine de poitrine ou infarctus, insuffisance cardiaque. Plus rarement, il peut s’agir d’un dérèglement de la thyroïde ou des conséquences d’une maladie des poumons (emphysème, Bronchite chronique…). Parfois, on ne retrouve aucune origine à l’arythmie.
Comment prévenir son apparition ?
Il est difficile d’éviter l’apparition d’une arythmie sauf à traiter précocement la maladie cardiaque qui en est la cause, en remplaçant une valve cardiaque par exemple.
Seul un traitement anti-arythmique peut être efficace pour prévenir les rechutes. Enfin, on conseille, comme chez tous les patients ayant des troubles du rythme cardiaque, d’éviter les excitants que sont le tabac, le café ou le thé à fortes doses, les alcools forts et les vins mousseux.
Comment la reconnaître ?
L’arythmie se manifeste par un pouls irrégulier et souvent plus rapide que le rythme normal (aux alentours de 120 battements par minute). Bien souvent le passage en arythmie n’est pas ressenti par le patient et sera découvert lors d’un examen de routine. A l’opposé, on peut ressentir dans la poitrine des palpitations ou un rythme cardiaque irrégulier, rarement gênant. Plus rarement, le passage en arythmie peut-être moins bien supporté, se compliquant d’un malaise ou d’un essoufflement qui nécessite l’hospitalisation. Cela survient surtout lorsque l’arythmie est très rapide sur un cœur déjà très fatigué.
Quels examens peuvent être nécessaires ?
Le diagnostic sera confirmé par l’électrocardiogramme lors des crises d’arythmie, ou par un « holter ». De façon systématique, on réalise une échographie cardiaque transthoracique pour déceler une maladie cardiaque sous-jacente ainsi qu’une prise de sang pour doser des hormones thyroïdiennes.
Parfois, il est nécessaire d’effectuer une échographie cardiaque transoesophagienne pour compléter les données de l’échographie cardiaque transthoracique, notamment pour s’assurer qu’il n’y a pas de caillot dans les oreillettes.
Maladies dont les symptômes sont proches ?
Quelle peut en être l’évolution ?
L’arythmie est une maladie bien supportée mais capricieuse, survenant par épisodes, imprévisibles, pouvant durer quelques minutes comme plusieurs semaines. Au fur et à mesure des années, les crises se font de plus en plus fréquentes et prolongées, deviennent résistantes aux traitement jusqu’à être définitivement permanentes. Ce passage à la chronicité est tout à fait bien supporté.
Certaines crises peuvent être moins bien tolérées, quand l’arythmie est très rapide ou que le cœur est fatigué, ce qui se manifeste par un essoufflement ou une fatigue, justifiant parfois une courte hospitalisation.
Plus rarement encore, l’arythmie peut être à l’origine de la formation d’un caillot dans les oreillettes susceptible d’être éjecté dans les artères, notamment celles du cerveau, occasionnant un accident vasculaire cérébral.
Dans certaines formes d’arythmie, il arrive que le cœur soit très lent, ce qui peut nécessiter la pose d’un stimulateur cardiaque ou « pace-maker ».
Quel traitement peut-on vous proposer ?
Le traitement comprend généralement trois types de médicaments :
- des anti-arythmiques pour éviter les récidives d’arythmie ou pour les arrêter et remettre le cœur en rythme normal,
- des médicaments pour ralentir le rythme cardiaque quand l’arythmie est rapide,
- des anticoagulants comme les anti-vitamines K pour éviter la formation de caillots dans les oreillettes, parfois remplacés par de l’aspirine à faibles doses.
Quand les anti-arythmiques ne sont plus capables de remettre le cœur en rythme normal, on peut effectuer un choc électrique.
Que devez-vous faire ?
En cas d’arythmie mal tolérée (sensation de malaise ou douleur d’angine de poitrine) il faut faire appel au SAMU. Les arythmies sont en général bien tolérées et malgré l’arythmie, il est tout à fait possible d’avoir une vie normale, de voyager, de conduire ou de faire du sport. Les excitants (alcools forts, vin blanc, champagne, café ou thé à fortes doses…) peuvent favoriser les rechutes, de même que le surmenage ou le stress. Il est recommandé de voir un cardiologue tous les six mois environ afin de faire un électrocardiogramme. Il peut être utile d’apprendre à calculer sa fréquence cardiaque en prenant son pouls afin de pouvoir signaler au cardiologue les rechutes d’arythmie.
La contrainte essentielle est représentée par le traitement anti-coagulant par anti-vitamine K qui nécessite des prises de sang régulières, certaines règles alimentaires et qui est parfois difficile à équilibrer.
En savoir plus ?
L’échographie-doppler cardiaque transthoracique.
C’est un examen qui étudie le cœur grâce à un système émetteur-récepteur d’ultrasons, totalement indolore et sans danger, logé dans une sonde que l’on pose sur la poitrine, d’ou le nom d’échographie transthoracique. Les ultrasons sont traités par un ordinateur qui les transcrit en image sur un écran. L’échographie permet de voir les cavités cardiaques en mouvement et le doppler d’analyser les flux sanguins, notamment à travers les valves cardiaques. Cet examen est très couramment réalisé, quelle que soit la maladie cardiaque suspectée.
L’échographie transoesphagienne.
C’est un examen qui étudie le cœur grâce à un système émetteur-récepteur d’ultrasons, logé dans une sonde introduite au fond de la gorge dans l’œsophage sous anesthésie locale. Cela permet d’explorer l’arrière du cœur, qui est au contact de l’œsophage et que l’on ne voit pas sur une échographie cardiaque classique. Les ultrasons sont traités par un ordinateur qui les transcrit en image sur un écran. Cet examen est réalisé en complément de échographie cardiaque transthoracique pour étudier les valves du cœur (notamment la valve mitrale), l’aorte et les oreillettes.
Le choc électrique externe.
Il s’agit de transmettre très brièvement au cœur une petite décharge électrique afin d’arrêter une arythmie. Ce traitement se fait sous une anesthésie générale de très courte durée (quelques minutes seulement) en présence d’un cardiologue et d’un anesthésiste. On utilise deux palettes de la taille de la paume de la main, placées de chaque coté de la poitrine, pour transmettre l’énergie électrique au cœur.
Le traitement par anti-vitamine K.
De nombreux patients sujets à l’arythmie ou ayant fait des accidents thrombo-emboliques artériels ou veineux bénéficient d’un traitement anticoagulant au long cours visant à éviter la survenue d’un caillot sanguin dans le cœur ou les vaisseaux. Ce traitement anticoagulant à pour effet de bloquer la vitamine K ce qui ralenti la coagulation du sang, il est également appelé « AVK » pour « anti-vitamine K ».
Son efficacité se surveille régulièrement (au moins une fois par mois) sur une prise de sang, réalisable dans n’importe quel laboratoire d’analyses, sur laquelle on dose le taux de prothrombine, alias « TP ». Ce taux est normalement de 100% chez un sujet normal, et diminue au fur et à mesure de l’augmentation des doses d’anticoagulant. Généralement, on cherche à obtenir un TP situé entre 25 et 35%.
Depuis quelques années, un nouveau test sanguin remplace le TP, il s’agit de l’INR. L’INR, plus fiable, est normalement égal à 1 et varie à l’inverse du TP : la prise d’anticoagulants fait baisser le TP et augmenter l’INR. Ainsi un TP entre 25 ou 35% correspond grossièrement à un INR entre 3 et 4. Il est important de surveiller régulièrement l’INR et le TP afin d’éviter une trop forte anticoagulation susceptible de donner des saignements, ou une mauvaise anticoagulation traduisant l’inefficacité du traitement.
La prise d’anticoagulants nécessite :
- un suivi médical régulier, puisque c’est le médecin seul qui décide des modifications de doses en fonction des résultats des tests de coagulation,
- de s’interdire toute automédication, y compris la prise d’aspirine pour des maux de tête, en raison de possibles interférences entre les médicaments susceptibles d’entraîner des saignements,
- un régime peu contraignant, évitant la consommation trop régulière (seulement 1 fois par semaine environ) d’aliments riches en vitamine K tels que les choux, les épinards, les brocolis ou le foie,
En outre, il est indispensable de porter dans ses papiers une carte signalant la prise d’anticoagulants ainsi que de consigner dans un carnet les résultats de TP et d’INR (tous deux disponibles auprès de votre cardiologue ou sur demande à la fédération française de cardiologie) afin de pouvoir les produire a n’importe quel médecin, dentiste ou infirmière consultée.