Voyages

Voyagez sans risques

Le risque d’être victime d’ennuis de santé est plus élevé en voyage… Sans être hypocondriaque, mieux vaut prendre le maximum de précautions.

La date du grand départ approche, mais avez-vous tout prévu ? Un petit oubli peut écourter un voyage de rêve ou faire basculer dans le drame un séjour qui promettait d’être idyllique…

Assurance et assistance

 

Première question à vous poser avant de partir : comment vos frais médicaux et de rapatriement sanitaire seraient-ils pris en charge si vous étiez malade ou accidenté pendant le voyage ?

  • Si vous voyagez au sein de l’espace économique européen* ou en Suisse, demandez votre carte européenne d’assurance maladie (valable un an) à votre CPAM ou par Internet (www.ameli.fr) au moins 15 jours avant de partir. Elle permet le remboursement des soins dans les mêmes conditions qu’en France.
  • Pour voyager dans un autre pays du monde, renseignez-vous pour savoir si celui-ci a signé une convention avec la France.
  • Dans tous les cas, vérifiez que le voyage comprend un contrat d’assistance ou que vos contrats d’assurance ou votre mutuelle vous couvrent, et à quelle hauteur. Cela ne suffit pas toujours : dans certains pays (États-Unis, Canada, Japon, Brésil), les frais médicaux et de rapatriement sont si élevés qu’il vaut mieux prendre une assurance santé complémentaire.

 

Informations fiables

Pensez aussi à vos vaccinations au moins un mois à l’avance, car plusieurs injections sont parfois nécessaires. Sans être toujours obligatoires, certains vaccins sont fortement recommandés parce qu’ils permettent d’éviter des maladies graves. Les « Recommandations sanitaires pour les voyageurs de 2011 » de l’Institut de veille sanitaire (InVS), parues fin mai, rappellent aux voyageurs qu’ils doivent commencer par mettre à jour leurs vaccins habituels recommandés en France, notamment contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la tuberculose, la varicelle, la coqueluche et la rougeole. Ces maladies, aujourd’hui peu fréquentes en France (encore qu’on ait vu ressurgir la varicelle et la rougeole), frappent dans les pays défavorisés, mais aussi, près de chez nous, dans les pays de l’ex-bloc de l’Est.

Pour savoir exactement quels vaccins sont recommandés dans votre (ou vos) pays de destination, ne vous arrêtez pas aux indications des voyagistes, consultez les sites Internet fiables comme celui de l’Institut Pasteur, adressez-vous au centre de médecine des voyages d’Air France ou encore à un centre de vaccinations internationales, dit aussi antiamarile.

Vaccins au cas par cas

Pour de courts séjours, une semaine ou deux, et dans des conditions de voyage normales, il n’y a pas lieu de se faire systématiquement vacciner contre toutes les maladies qui sévissent dans le pays, excepté contre l’hépatite A, fréquente. À partir de 3 ou 4 semaines ou dans des zones à haut risque, mieux vaut suivre les recommandations.

  • Hépatite A

Cette infection virale, transmise essentiellement via l’eau et les aliments contaminés par voie fécale, provoque une jaunisse fatigante qui peut mettre des semaines à guérir. Le virus est très répandu dans les pays tropicaux et en voie de développement, et vous pouvez être contaminé même quand les modalités du séjour sont a priori bonnes. Le vaccin est donc fortement conseillé. Mais comme un épisode d’hépatite A confère une immunité vis-à-vis du virus, faites une prise de sang pour savoir si vous êtes ou non immunisé.

  • Fièvre jaune

Le virus, transmis par les moustiques, provoque un syndrome grippal, puis un ictère (d’où son nom), des vomissements hémorragiques et la maladie, contre laquelle n’existe aucun traitement spécifique, est grave dans au moins 60 % des cas. Le vaccin est impératif pour des voyages en zones intertropicales d’Afrique, Sénégal compris, et d’Amérique du Sud (Brésil, Venezuela), « même en l’absence d’obligation administrative ». Cette année, l’OMS distingue néanmoins des pays où l’exposition à l’infection est très faible et où la vaccination n’est donc plus recommandée, Tanzanie, Zambie notamment, sauf en cas de séjour prolongé.

  • Encéphalites

Le vaccin contre l’encéphalite japonaise, transmise par certains moustiques, est seulement conseillé aux touristes séjournant plus d’un mois en Chine, Indonésie, Thaïlande, au Japon, Vietnam ou Bangladesh, notamment durant la saison des pluies. En revanche, les Français l’ignorent souvent, l’encéphalite à tiques ne sévit pas seulement en Asie, mais aussi dans des pays européens comme la Suisse et l’Autriche. Le vaccin est très recommandé aux adeptes du camping et de la randonnée dans les zones rurales ou forestières.

Paludisme et dengue

conseils pour voyager sans risques

Chaque année, plusieurs milliers de voyageurs reviennent avec un paludisme (fièvre élevée, courbatures, convulsions) et, faute d’un traitement rapide, peuvent en mourir… Il n’y a toujours pas de vaccin. Pour y échapper, deux seuls moyens possibles et complémentaires : la chimioprophylaxie et la protection contre les moustiques.

  • Médicaments antipaludiques

Renseignez-vous, car dans certains pays, la chloroquine, le plus ancien, n’est plus efficace. Dans ce cas, il faut prendre deux médicaments plus récents (parfois 10 jours avant le départ), qui ne suffisent pas toujours, car les résistances augmentent. Demandez conseil à votre pharmacien. N’achetez surtout pas de médicaments sur place, faux le plus souvent, dangereux ou au mieux inefficaces, et n’arrêtez pas trop tôt le traitement après votre retour.

  • Insecticides et répulsifs

Les antipaludiques ne garantissent pas une protection absolue, prévoyez des répulsifs (aérosol, lotion, lait) à appliquer sur les parties du corps découvertes, visage compris, des insecticides (diffuseurs électriques, sprays) et, si possible, des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Le soir, portez des vêtements couvrants. Ces précautions protègent en même temps contre la dengue, également transmise par les moustiques, moins grave, mais en forte augmentation sous les Tropiques. À savoir : ce type de moustiques piquent le jour, protégez-vous dès le réveil. Gare aussi au chikungunya à La Réunion…

Évitez la turista !

Fréquente dans les pays chauds, la turista, transmise par l’eau et les aliments contaminés, le plus souvent par une bactérie, touche notamment les voyageurs venant d’un pays à haut niveau d’hygiène comme la France. Elle survient généralement au début du voyage et dure 1 à 5 jours. Diarrhées à répétition, nausées, douleurs abdominales, perte d’appétit, fièvre parfois… les symptômes sont gênants, désagréables et mettent KO. Seniors et enfants sont les plus atteints, avec le risque de déshydratation ! Emportez des solutés de réhydratation au cas où (en pharmacie).

Quelques règles d’hygiène simples suffisent à éviter ces désagréments, mais elles ne sont pas toujours faciles à respecter.

  • Lavez-vous souvent les mains et systématiquement avant chaque repas et après chaque passage aux toilettes. Les lingettes à usage unique sont une bonne solution.
  • Ne buvez que de l’eau en bouteille, décapsulée devant vous, bouillie ou purifiée (pastilles spéciales en pharmacie).
  • Ne mangez que des mets cuits et servis brûlants ; gare aux buffets d’hôtel.
  • Évitez les aliments à haut risque : plats servis à température ambiante ou réchauffés, viande froide, laitages non pasteurisés, poissons, coquillages et crustacés froids ou crus, glaces artisanales, pâtisseries à base de crème…
  • Lavez et épluchez fruits et légumes.

conseils pour voyager sans risques

Haute protection solaire

Méfiez-vous aussi du soleil des Tropiques. Plus on s’approche de l’Équateur, plus il brûle. Même si vous n’avez pas la peau très claire, évitez les horaires à haut risque (12 à 16 heures) et appliquez plusieurs fois par jour une crème solaire haute protection, résistante à l’eau. N’oubliez pas le chapeau bien couvrant et des lunettes de soleil qui filtrent bien les UV.

Du côté de l’officine : La trousse à pharmacie de voyage

Vous trouverez en pharmacie des trousses de secours conçues pour la navigation, la randonnée ou la montagne. Mais dans tous les cas, emportez une trousse étanche de base.

  • Antalgiques (antidouleur) et antipyrétiques (contre la fièvre), de préférence à prendre sans eau (à croquer ou faire fondre sous la langue) et plutôt du paracétamol qui résiste mieux à la chaleur que l’aspirine ou l’ibuprofène.
  • Antidiarrhéique (à prendre sans eau) et antiseptique intestinal.
  • Soluté physiologique (pour les yeux) en unidoses, pratiques, qui limitent les risques de contamination.
  • Antiseptique cutané (dosettes ou lingettes).
  • Alcool à 70° (bouteille plastique) avec compresses stériles individuelles, bande élastique, sparadrap se découpant sans ciseaux.
  • Assortiment de pansements hydrocolloïdes pour accélérer la cicatrisation des ampoules et des plaies.
  • Lingettes antibactériennes à usage unique pour se désinfecter les mains avant les repas.
  • Gel anti-inflammatoire pour contusions et hématomes, pommade à l’arnica pour rougeurs et irritations de la peau.
  • Crème antibrûlures pour soulager les coups de soleil.
  • Répulsifs antimoustiques (pensez aux sprays spéciaux chambre de bébé).
  • Protections auditives : pour atténuer les bruits (boules en cire ou en mousse), spéciales avion (avec filtre en céramique pour éviter les douleurs au décollage et à l’atterrissage) ou natation (en silicone malléable).
  • Petit matériel à mettre en soute : pince à écharde, ciseaux, épingles de sûreté, thermomètre incassable.

Le mal des transports : Limiter les risques

Avoir la nausée en bateau, avion, train, car ou même en voiture peut gâcher le plus beau des voyages… L’oreille est l’organe de l’équilibre : les mouvements imposés lors des trajets, virages, montées, descentes, roulis sollicitent fortement le système vestibulaire situé dans l’oreille interne lequel ne parvient plus à compenser les déséquilibres entraînés par les stimuli successifs.

Si vous êtes sujet(te) au mal des transports (nausées, vomissements, sueurs froides), prenez un médicament antinauséeux, appelé antinaupathique, une demi-heure à une heure avant le départ. Les comprimés à laisser fondre sous la langue sont pratiques et agissent vite. Les patchs à coller derrière l’oreille sont très efficaces pour les longs trajets, mais délivrés seulement sur ordonnance. Autre solution : l’homéopathie.

Les maladies chroniques

Même loin, on peut voyager avec une maladie chronique quand elle est bien contrôlée et en prenant des précautions.

  • Asthme.

Consultez votre médecin avant le départ pour mesurer votre fonction respiratoire, il ajustera au besoin le traitement et vous conseillera sur votre destination. Emportez suffisamment de médicaments pour tout le voyage et même davantage. Gardez toujours à portée de main une trousse d’urgence contenant les traitements nécessaires en cas de crise. Si vous allez à l’étranger, photocopiez votre ordonnance traduite en anglais et conservez l’emballage de vos médicaments.

  • Diabète insulinodépendant.

Pour un voyage en avion regroupez dans une trousse isotherme insuline, matériel d’autosurveillance et d’injection, sucres, coton, désinfectant, ordonnances français-anglais autorisant le transport d’insuline et de matériel, carte de diabétique ou de porteur de pompe à insuline. Prévenez l’hôtesse de l’endroit où se trouve la trousse et de la nécessité de prendre vos repas à heures précises. Attention aux décalages horaires.

  • Maladie de Crohn.

Maladie inflammatoire chronique intestinale. Demandez à votre médecin un certificat en anglais attestant de votre maladie et vous autorisant à conserver le traitement dans un bagage à main. Prévoyez large pour vos médicaments. Pour partir tranquille, demandez le « passeport Crohn » à l’association François Aupetit (contre une enveloppe timbrée à 0,95 euros)*. Ce guide pratique rassemble toutes les informations essentielles : coordonnées des urgences médicales dans le pays, lexique en 4 langues pour expliquer la maladie, ses symptômes, les aliments à éviter, demander la pharmacie la plus proche, etc.

Témoignage : Phlébite à l’atterrissage

« J’ai des varices depuis mes grossesses. Le soir, j’ai les jambes lourdes, douloureuses, et l’été mes chevilles enflent, mais je n’avais pas eu de gros problème jusqu’aux dernières vacances… L’été, je préfère les veinotoniques, surtout en gel, qui soulagent et rafraîchissent en même temps, aux bas de contention, plus efficaces dans mon cas, mais difficiles à supporter quand il fait chaud et en sandales… J’ai fait la bêtise de ne pas les mettre avant de m’envoler pour La Réunion. Dans l’avion, je me suis levée plusieurs fois pour marcher, mais le voyage est long, 11 heures, et j’ai fini par m’endormir ! À mon réveil, ma jambe gauche était dure, chaude et j’avais mal. Nous allions atterrir, une hôtesse a appelé les urgences. Direction l’hôpital ! C’était une phlébite. J’ai été traitée rapidement, mais le médecin m’a dit que ça aurait pu se terminer très mal… »
Marie-France, 66 ans.

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