Le psoriasis : une maladie chronique à ne pas traiter par le mépris
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau et du cuir chevelu qui se caractérise par des plaques rouges recouvertes de croûtes épaisses (« squames »)
COMPRENDRE
Des mots pour les maux
Le psoriasis se caractérise par les lésions de la peau d’origine auto-immune et plus ou moins inflammatoires.
Il s’agit de plaques rouges vernissées recouvertes de croûtes ou « squames ».
Cette maladie de peau (ou dermatose) chronique évolue par poussées alternant avec des périodes moins actives, voire des rémissions.
Le traitement est purement symptomatique et vise à faire régresser les lésions de la peau.
Non traité, le psoriasis peut s’aggraver et s’associer à un rhumatisme chronique caractérisé par des manifestations à la fois axiales (colonne vertébrale, sacroiliaques) et périphériques (arthrites, ostéolyse).
Qu’est-ce que le psoriasis ?
Le psoriasis est une maladie chronique de la peau et du cuir chevelu qui se caractérise par la formation de plaques rouges, plus ou moins inflammatoires, recouvertes de croûtes épaisses (« squames »). Celles-ci sont de couleur blanc-argenté et se détachent en flocons.
Les lésions cutanées peuvent être de taille variable et apparaître n’importe où sur le corps, mais elles prédominent typiquement sur les faces d’extension des coudes et des genoux, le sillon derrière les oreilles, en bas du dos (sillon inter-fessier), le cuir chevelu et les surfaces de frottement. Des lésions des ongles peuvent être associées.
La maladie peut prendre diverses formes et le degré d’extension des plaques peut varier de « localisé » à « diffus ». Elle évolue par poussées inflammatoires, entrecoupées de rémissions, périodes pendant lesquelles les signes de la maladie disparaissent en partie ou complètement.
Les lésions cutanées peuvent s’associer ou alterner avec des douleurs articulaires, ou de véritables arthrites, et de douleurs de la colonne vertébrale pour constituer un rhumatisme inflammatoire.
Le psoriasis est la conséquence d’un renouvellement accéléré des cellules de la peau au niveau des lésions, responsable d’une réaction inflammatoire avec une accumulation de peau morte : les squames.
Qu’est-ce qui cause le psoriasis ?
Bien que la cause exacte du psoriasis soit inconnue, diverses recherches sont en faveur du rôle d’une perturbation initiale du système immunitaire dans le déclenchement de la maladie (maladie auto-immune). Certains globules blancs qui appartiennent au système immunitaire (les lymphocytes T) sont activés et déclenchent l’inflammation, laquelle entraîne une migration des cellules de la peau vers la surface et une desquamation anormalement rapide.
Les cellules psoriasiques de la peau mettent ainsi seulement trois à quatre jours pour arriver à maturité et se détacher de la surface de la peau, alors que chez une personne à peau saine, le cycle de renouvellement des cellules de la peau est normalement d’une trentaine de jours.
Plusieurs facteurs favorisent la survenue du psoriasis comme une prédisposition familiale nette qui est retrouvée dans 30 % des cas : plusieurs gènes ont été identifiés (gène PSORS-1 sur le chromosome 6).
Des facteurs déclenchants, tels qu’un stress, une blessure de la peau, une infection générale, la prise de certains médicaments, le tabagisme et une consommation excessive d’alcool, peuvent causer une poussée de psoriasis ou même mener au développement de la maladie.
Comment évolue un psoriasis ?
Le psoriasis est une maladie chronique, mais les lésions de la peau peuvent être permanentes ou épisodiques : à certain moment les lésions peuvent s’étendre et s’aggraver, et à d’autres, elles peuvent diminuer et même disparaître temporairement jusqu’à la prochaine poussée.
Un stress physique ou psychique est très régulièrement retrouvé dans le déclenchement des poussées de psoriasis.
Une apparition du psoriasis au moment de la puberté et une aggravation possible au moment des règles font évoquer une influence hormonale. De même, une amélioration du psoriasis peut être constatée pendant la grossesse, et d’aucun ont évoqué une modulation des lymphocytes B et T par les estrogènes et la progestérone.
Des infections, en particulier oto-rhino-laryngologiques, peuvent déclencher des poussées de psoriasis « en goutte », surtout chez l’enfant.
La prise de certains médicaments aggrave la maladie. Les plus fréquemment incriminés sont les bétabloquants, le lithium, l’hydroxychloroquine ou certains antihypertenseurs (les sartans et l’énalapril). Certains corticostéroïdes pris par voie orale peuvent aggraver les symptômes du psoriasis, s’ils sont utilisés de façon abusive ou si le traitement est interrompu brusquement.
Les malades remarquent souvent que de nouvelles lésions psoriasiques apparaissent là où la peau a été abimée (coupure en se rasant, écorchure, piqûre de vaccin, frottement excessif d’une ceinture…).
Le climat est un autre facteur qui peut aggraver ou améliorer le psoriasis. Le temps froid et sec en hiver a un effet particulièrement négatif sur le psoriasis parce qu’il assèche la peau. A l’inverse, le soleil peut aider à faire disparaître les plaques de psoriasis, ce qui explique que la thérapie par la lumière UV soit souvent mise à profit pour traiter certaines formes de la maladie (PUVAthérapie).
Une forte consommation d’alcool et le tabac sont des facteurs qui sont très nettement associés à la maladie. Des études ont révélé que le risque de développer le psoriasis est beaucoup plus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Il en est de même pour les personnes consommant beaucoup d’alcool. Il semble aussi que le tabagisme et la consommation d’alcool réduisent l’efficacité des traitements et gênent la mise en rémission.
Qui peut être atteint de psoriasis ?
Le psoriasis peut apparaître à tout âge, bien qu’il se manifeste préférentiellement à partir de la puberté et chez les adultes. Une des formes de psoriasis, le psoriasis en gouttes, apparaît généralement pendant l’enfance ou au début de l’âge adulte, après une infection.
Le psoriasis touche autant les hommes que les femmes et ce, quelle que soit la race.
Un antécédent familial de psoriasis est un des facteurs de risque les plus importants de développer soi-même un psoriasis. Au cours des dernières années, la recherche a même permis d’identifier certains des gènes mis en cause dans le développement du psoriasis (gène PSORS-1 sur le chromosome 6).
Pourquoi le psoriasis peut s’associer à des douleurs articulaires ?
Jusqu’à 30 % des personnes atteintes de psoriasis peuvent souffrir de douleurs articulaires (arthralgies) ou de véritables inflammations articulaires (arthrites). Ces atteintes articulaires peuvent s’accompagner de douleurs de la colonne vertébrale (et des fesses) qui s’intègrent dans un véritable tableau de rhumatisme psoriasique dont la caractéristique principale est qu’il est « asymétrique » (répartition asymétriques des atteintes articulaires à la différence de la polyarthrite rhumatoïde) et qu’il associe des atteintes articulaires « périphériques « à des atteintes de la colonne vertébrale (atteintes « centrales »).
Il existe un certain lien évolutif entre les douleurs articulaires et la maladie cutanée, mais paradoxalement, les atteintes articulaires sont plus souvent associées à des maladies plutôt discrètes de la peau.
Dans 5 à 10 % des rhumatismes psoriasiques, les arthrites peuvent évoluer vers une forme très agressive de rhumatisme qui conduit à des détériorations articulaires et osseuses, avec un risque d’incapacité fonctionnelle si aucun traitement efficace n’est mis en place.
Le psoriasis est-il associé à d’autres maladies ?
Le psoriasis cutané est associé dans un cas sur 3 à des atteintes articulaires et de la colonne vertébrale que l’on appelle rhumatisme psoriasique. Dans 10 à 20 % des cas, ces rhumatismes sont aussi sévères que la polyarthrite rhumatoïde.
Les études les plus récentes démontrent que non seulement les rhumatismes psoriasiques, mais aussi les psoriasis cutanés, sont associés à un risque cardiovasculaire plus important. Le psoriasis peut ainsi accroître le risque de crise cardiaque (infarctus du myocarde) et d’accident vasculaire cérébral en raison d’une athérosclérose accélérée. Cette athérosclérose est corrélée avec l’activité de la maladie cutanée ou articulaire avec le désordre immunitaire et l’inflammation que l’on retrouve au cours du psoriasis.
Le risque de développer d’autres maladies chroniques comme le diabète, le cancer, les maladies du foie et d’autres maladies graves a aussi été signalé. Une dépression est fréquente au cours des psoriasis étendus.
DIAGNOSTIC
Quels sont les signes du psoriasis ?
Le psoriasis se caractérise par des plaques rouges inflammatoires de la peau qui sont recouvertes de croûtes épaisses (squames). Ces lésions évoluent par poussée, elles se desquament et peuvent être accompagnées de démangeaisons.
Il y a différentes formes de psoriasis telles que le « psoriasis en plaques », « en gouttes », « pustuleux », « inversé » et « érythrodermique ». Certaines de ces formes peuvent évoluer à partir du psoriasis en plaques. Il peut s’y associer un rhumatisme inflammatoire chronique.
Le psoriasis en plaques représente la forme la plus courante de la maladie et il se retrouve chez environ 90 % des patients. Il se caractérise par l’apparition de plaques rouges recouvertes de squames. Les plaques peuvent être plus ou moins épaisses, plus ou moins nombreuses et plus ou moins étendues. Le psoriasis est sévère lorsque 10 % ou plus de la surface du corps est touchée.
Le psoriasis en gouttes se manifeste le plus souvent brutalement, en quelques semaines, et couvre une grande partie du corps. Il se caractérise par de petites lésions en forme de gouttes qui apparaissent souvent sur le torse (par exemple sur le bas du dos), les bras, les jambes ou le cuir chevelu. C’est la deuxième forme la plus répandue de la maladie avec près de 10 % des personnes atteintes de psoriasis atteintes. Le psoriasis en gouttes apparaît souvent à la suite d’une infection des voies respiratoires supérieures, telles une infection streptococcique de la gorge, qui agit comme déclencheur. Le psoriasis en goutte peut disparaître de lui-même sans traitement et ne jamais réapparaître chez la personne atteinte, ou il peut devenir récurrent pendant toute la vie. Il peut parfois être sévère et nécessiter un traitement.
Le psoriasis pustuleux se caractérise par des cloques remplies de pus. Il peut être limité à certaines zones du corps (localisé) ou couvrir presque tout le corps (généralisé). S’il est localisé, les pustules sont généralement restreintes aux paumes des mains et aux plantes des pieds. Des écailles se forment progressivement à mesure que les lésions pustuleuses s’assèchent.
Le psoriasis inversé atteint les grands plis de la peau tels que le pli interfessier, la région génitale, le dessous des seins et les aisselles du fait de la pression, de la friction, de l’humidité ou de la transpiration qui affecte plus particulièrement ces régions. Ces lésions sont lisses et rouges contrairement aux lésions épaisses et écailleuses.
Le psoriasis érythrodermique est une forme rare mais grave de la maladie qui se caractérise principalement par une rougeur généralisée et par une inflammation qui ressemble à un coup de soleil. Il peut être causé par un coup de soleil grave, l’utilisation de certains médicaments (tels que les corticostéroïdes par voie orale ou le lithium) ou même par l’abandon soudain d’un traitement du psoriasis. Il peut aussi résulter d’une mauvaise gestion du psoriasis. Il peut être mortel et conduit habituellement à l’hospitalisation puisque la peau n’est plus capable d’effectuer les fonctions vitales telles que la régulation de la température du corps et la protection contre les organismes infectieux (par exemple les bactéries).
Le rhumatisme psoriasique est souvent reconnu comme une maladie à part du fait de la prépondérance des douleurs articulaires sur les lésions cutanées. Les plaques cutanées et les douleurs articulaires peuvent ne pas se présenter en même temps, donc une poussée de psoriasis peut se manifester par des douleurs articulaires en l’absence de lésions visibles et vice-versa. Le rhumatisme peut avoir une évolution sévère dans 5 à 10 % des cas.
Comment fait-on le diagnostic du psoriasis ?
Le diagnostic est basé avant tout sur l’examen clinique et repose sur le simple aspect des lésions de la peau et ses localisations caractéristiques. Les premières plaques de psoriasis apparaissent le plus souvent chez l’adolescent et le jeune adulte.
La lésion typique du psoriasis est une plaque inflammatoire rouge, surmontée d’une croûte faite de squames blanchâtres qui se détachent pour former des pellicules à la surface de la peau. C’est l’épaisseur de la squame et certaines caractéristiques associées qui permettent de différencier cette lésion d’une dermite séborrhéique par exemple.
Les plaques rouges du psoriasis sont bien délimitées, rondes ou ovales. Les plaques peuvent être étendues et mesurer plusieurs centimètres de diamètre ; elles peuvent également être petites et nombreuses en forme de goutte. Dans 30 à 60 % des cas, ces plaques démangent. Il n’y a par contre ni fièvre ni fatigue.
Le psoriasis se situe habituellement sur le cuir chevelu et sur les zones de frottement : coudes, avant-bras, genoux, bas du dos, mais d’autres localisations sont possibles : ongles (croissance anormale et décoloration des ongles des mains et des pieds), paume des mains, plante des pieds, plis (par exemple, la pliure du bras, de la cuisse, l’arrière du genou, sous les seins…), muqueuses génitales chez l’homme avec atteinte du gland. Le psoriasis se manifeste alors sous forme de plaques rouges indolores ne desquamant pas.
Les ongles sont parfois touchés au cours d’un psoriasis commun, mais peuvent n’être que la seule localisation de la maladie chez certaines personnes. Les ongles présentent généralement de légères déformations punctiformes (aspect en « dé à coudre ») ou se décoller du doigt. La peau peut être très épaissie sous l’ongle qui perd alors sa transparence (hyperkératose sous-unguéale).
La biopsie cutanée, en vue d’un examen anatomopathologique, est rarement nécessaire mais elle peut être utile pour les formes inhabituelles de psoriasis.
Quand faut-il consulter ?
En l’absence de gêne (plaque isolée peu étendue), il n’est pas indispensable de consulter, mais certaines formes graves de psoriasis imposent la consultation.
Le psoriasis érythrodermique est une forme grave qui va nécessiter une hospitalisation. Les lésions cutanées couvrent la majeure partie du corps (plus de 90 % de la surface de la peau). Elles sont rouges et très inflammatoires avec un risque de complications (surinfection, fièvre…).
Le psoriasis pustuleux est caractérisé par des pustules sur la peau, accompagnées d’une forte fièvre et d’une altération de l’état général. Là encore, l’hospitalisation est nécessaire.
Le psoriasis associé à une infection par le VIH peut s’exprimer sous la forme d’un psoriasis classique, pustuleux ou érythrodermique. Il est plus difficile à traiter car les lésions sont moins sensibles au traitement.
TRAITEMENT
Quels sont les traitements locaux du psoriasis ?
L’objectif du traitement vise à réguler le système immunitaire localement, à réduire l’inflammation et à réduire le renouvellement des cellules de la peau.
Les traitements topiques, tels que les crèmes et les onguents, sont généralement recommandés en premier, surtout pour les personnes atteintes d’une forme localisée ou légère de psoriasis.
Parmi les traitements locaux (topiques) on retrouve entre autres les dermocorticoïdes ou corticoïdes en crème, pommade ou lotion, les dérivés topiques de la vitamine D (calcitriol), les dérivés topiques de la vitamine A (tazarotène) et le goudron. Le médecin peut recommander une combinaison de ces agents topiques ou les associer à une thérapie générale par voie orale et/ou une photothérapie.
Quels sont les traitements par voie orale ou injectable du psoriasis ?
Un certain nombre de médicaments administrés par voie générale (orale ou injectable) peuvent aider à contrôler le psoriasis en aidant à réguler le système immunitaire qui cause l’inflammation et le renouvellement accéléré des cellules de la peau à l’origine des lésions cutanées. Ils sont généralement réservés au traitement des formes plus sévères ou plus étendues du psoriasis.
Les traitements traditionnels sont l’acitrétine, le méthotrexate et la cyclosporine, des agents immunosuppresseurs qui sont aussi utilisés dans le traitement de l’arthrite, un agent immunosuppresseur qui peut être responsable d’hypertension artérielle.
En plus de ces médicaments traditionnels, de nouveaux médicaments tels que biothérapies (ou traitements biologiques) sont désormais disponibles sous forme d’injection : étanercept, adalimumab, infliximab, alefacept et ustekinumab….
Qu’est-ce que la PUVAthérapie ?
La lumière naturelle et la lumière artificielle ultraviolette (UV) peuvent être utilisées dans le traitement du psoriasis.
L’exposition au soleil améliore les symptômes, mais les coups de soleil peuvent aggraver le psoriasis, c’est pourquoi seules de courtes expositions au soleil ou aux UV sont recommandées.
Une des formes de photothérapie, la photothérapie UVB à bande étroite, émet une courte longueur d’onde de lumière UV qui pénètre dans l’épiderme, la couche externe de la peau.
Une autre forme de photothérapie, la puvathérapie, combine le médicament psoralène sous forme orale ou topique à l’exposition à la lumière UVA. Le psoralène sensibilise la peau à la lumière UVA, ce qui améliore l’efficacité du traitement.
Comment traiter le psoriasis ?
Le psoriasis est une maladie chronique de la peau pour laquelle il n’existe pas de traitement amenant à une guérison définitive. En revanche, il existe de nombreux traitements locaux ou généraux efficaces pour contrôler et améliorer la maladie.
Le choix du type de traitement le plus approprié varie selon la personne atteinte, la forme de psoriasis et le degré de sévérité de la maladie. Bien sûr, les préférences du malade et ses contraintes de vie doivent être prises en compte.
La sévérité, en dehors de quelques formes particulières, est déterminée en fonction de l’étendue des plaques, ce qui permet de définir un score international : le score PASI.
La prise en charge thérapeutique repose sur l’utilisation de traitements locaux dans les formes peu graves et peu invalidantes, éventuellement en association avec les traitements généraux réservés aux formes plus sévères ou plus étendues ou en cas de rhumatisme psoriasique.
Sur le long terme, des phases de traitement d’attaque vont pouvoir alterner avec des phases d’entretien au cours desquelles le traitement est allégé. Dans de nombreux cas, le médecin peut choisir de combiner deux ou plusieurs traitements pour obtenir le meilleur résultat.
Le traitement local des formes habituelles du psoriasis repose en grande part sur les dermocorticoïdes qui sont utilisés pour lutter contre l’inflammation et en une application par jour. Leur durée d’utilisation est limitée dans le temps pour éviter d’atrophier la peau. On utilise des pommades et des crèmes à base de corticoïdes dits « forts » sur les zones épaisses de la peau (les coudes, les genoux…) et des corticoïdes d’indice plus « faible » sur le visage. Les lotions sont utilisées pour traiter le cuir chevelu.
Les produits à base d’analogues de la vitamine D agissent contre la multiplication des cellules de la peau. Ils existent en crèmes, pommades et lotions et il ne faut pas dépasser la dose prescrite pour éviter les risques d’élévation du calcium dans le sang (hypercalcémie) qui peut être dus à la vitamine D absorbée à travers la peau.
L’association de dermocorticoïdes et d’analogues de la vitamine D est très efficace dans le traitement intensif d’une poussée aiguë. Elle peut être utilisée à moindre dose en traitement d’entretien.
Les autres produits à application locale (topique) sont : les bains à base d’amidon, de blé ou d’huile ou les produits hydratants qui sont utilisés pour nettoyer les lésions, calmer l’inflammation et stopper les démangeaisons et l’acide salicylique, souvent associé à la vaseline, pour nettoyer les lésions très squameuses.
La photothérapie ou exposition aux UV en cabine est généralement utilisée dans les formes du psoriasis étendues (supérieures à 30 % de la surface corporelle). Les rayons peuvent être utilisés, soit seuls (UVB), soit après sensibilisation de la peau par des psoralènes (PUVAthérapie). Ce traitement peut aussi être local lorsque l’atteinte du psoriasis se limite aux mains et/ou aux pieds. Les traitements photothérapiques sont efficaces et souvent envisagés en première intention. En revanche, leur utilisation est limitée dans le temps du fait de l’accélération du vieillissement de la peau et surtout de l’augmentation du risque de cancers cutanés que font courir un trop grand nombre de séances.
Le traitement par voie générale ne concerne que les formes graves et est mis en route en milieu spécialisé.
Le méthotrexate a un effet immunomodulateur et il empêche la multiplication des cellules. Il est également utilisé dans le traitement du rhumatisme psoriasique. Le méthotrexate est administré par voie orale ou sous-cutanée, une fois par semaine. Il nécessite une surveillance régulière du bilan hépatique et des globules blancs (numération-formule sanguine). Une contraception chez la femme doit être mise en place pendant la durée du traitement et les 3 mois qui suivent son arrêt. Le méthotrexate est généralement prescrit en association à de l’acide folique.
La ciclosporine est un autre médicament immunosuppresseur qui nécessite une surveillance régulière de la fonction rénale et de la tension artérielle.
L’acide rétinoïque (dérivé de la synthèse de la vitamine A) est utilisé surtout dans le psoriasis pustuleux. Le risque de malformation du fœtus au cours de la grossesse (risque tératogène) implique la réalisation d’un test de grossesse avant traitement, et l’utilisation d’une contraception fiable débutée avant le traitement, chez toute femme en période d’activité génitale. Cette contraception efficace doit être poursuivie pendant le traitement et 2 ans après son arrêt.
Les anti-TNF alpha sont des anticorps monoclonaux dirigés contre une protéine importante dans la cascade de l’inflammation et ont une action immunosuppressive. Du fait de leur coût et du risque infectieux qu’ils font courir, ils ne sont utilisés que dans les psoriasis très sévères. En cas d’arrêt, le psoriasis revient en général après quelques semaines.
De nouveaux médicaments sont en cours de développement pour essayer d’avoir un effet plus durable. Il s’agit, entre autres, d’un immunosuppresseur (apremilast) qui inhibe l’enzyme phosphodiestérase-4 nécessaire au bon fonctionnement des lymphocytes T. Par ailleurs, plusieurs biothérapies sont en cours de développement et notamment un anticorps monoclonal anti Il-17 (secukinumab).
Comment traite-t-on le rhumatisme psoriasique ?
Le rhumatisme psoriasique est le plus souvent bénin (quelques douleurs articulaires et lombalgies), mais il peut évoluer dans 10 % des cas vers des formes plus agressives. Dans les formes modérées, le traitement local du psoriasis cutané, en association à des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (en dehors de l’indométhacine qui peut aggraver le psoriasis), suffit le plus souvent.
Lorsque l’atteinte articulaire est plus importante et que les arthrites apparaissent, voire un véritable rhumatisme psoriasique, un traitement général est nécessaire en raison du risque d’altération des articulations. Le premier traitement choisi est le méthotrexate en administration orale ou injectable une fois par semaine. Il faut l’associer à une supplémentation hebdomadaire en acide folique et une contraception. Il faut aussi le surveiller sur une numération formule sanguine et un bilan hépatique. En cas de mauvaise tolérance ou d’inefficacité, il est possible de remplacer le méthotrexate par le léflunomide qui a presque le même profil de tolérance.
En cas d’échec à l’un de ces traitements immunosuppresseurs, une biothérapie par un anti-TNF alpha est à envisager, en association au méthotrexate. D’autres biothérapies semblent prometteuses également dans le rhumatisme psoriasique.
VIVRE AVEC
Quel est le retentissement du psoriasis ?
Même si le psoriasis est essentiellement une maladie de la peau, son impact ne se limite pas aux aspects « esthétiques ».
Il a été bien démontré que la maladie réduit la qualité de vie en raison du retentissement psychique, de l’éventuelle douleur physique associée à certaines plaques ou au rhumatisme, et de la difficulté à supporter la charge émotionnelle liée à ce qui est souvent un facteur de stigmatisation. Plusieurs enquêtes auprès des malades ont montré que le psoriasis est un véritable fardeau dans la vie quotidienne, que les malades souffrent, que la forme de la maladie soit modérée ou sévère. Cette perception est bien sûr liée à la gravité de la maladie ou à l’étendue de la surface du corps qui est affectée, mais pas seulement. Ainsi, les personnes atteintes de psoriasis risquent davantage de souffrir de dépression et d’anxiété, et sont plus à risque de suicide.
Les lésions psoriasiques peuvent démanger, être douloureuses et saigner : il est alors difficile de dormir, de se vêtir ou de prendre part aux activités quotidiennes. Si les articulations sont également atteintes, la douleur peut aussi être invalidante. Pour ce qui est de ses répercussions sur la santé physique et mentale, le psoriasis a été comparé au cancer, à l’arthrite, à l’hypertension, aux maladies cardiaques, au diabète, à la polyarthrite rhumatoïde et à la dépression. Jusqu’à 30 % des personnes atteintes de psoriasis souffrent également d’arthrite ou développeront de l’arthrite et chez 5 à 10 % d’entre elles, la présence d’arthrite dans plusieurs articulations peut causer une incapacité fonctionnelle proche de celle de la polyarthrite rhumatoïde.
Le psoriasis peut accroître le risque de maladies cardiovasculaires : crise cardiaque ou accident vasculaire cérébral. Le risque de développer d’autres maladies chroniques comme le diabète, le cancer, les maladies du foie est réel.
Quel est le suivi médical du psoriasis ?
Le psoriasis est une maladie chronique qui peut avoir des répercussions importantes sur la vie quotidienne. Le traitement du psoriasis s’inscrit dans la durée et il est très important de définir avec son médecin des objectifs de traitement commun et de créer une relation de confiance avec lui en exprimant clairement ce qu’on attend des traitements, quelles lésions sont gênantes (parler aussi des lésions génitales pour lesquelles des traitements existent), lesquelles ne le sont pas, quels sont les problèmes rencontrés dans l’utilisation quotidienne des traitements (certains des traitements sont perçus comme insuffisamment ou pas assez rapidement efficaces, d’autres sont vécus comme trop contraignants)…
C’est grâce à ce dialogue que ce construira un « contrat thérapeutique » qui est fondamental dans une relation durable car une consultation ne suffira pas. Le rythme des consultations et des éventuels examens biologiques sera fixé par le médecin traitant ou le dermatologue. Cette surveillance a pour but d’étudier l’évolution des lésions cutanées et d’évaluer l’efficacité et la bonne tolérance des traitements.
Il s’agit aussi pour le malade de se former à la maladie et de devenir un véritable partenaire du médecin en apprenant à gérer tout seul les problèmes quotidiens liés à la maladie. Il ne faut pas interrompre le traitement prescrit sans en parler au médecin qui l’a prescrit. La crainte est de voir survenir une poussée de la maladie. En cas de contraception associée au traitement prescrit, il est bien sûr indispensable de la poursuivre. Il ne faut pas dépasser les doses prescrites, même pour les traitements locaux (par crème, pommade ou lotion), car un surdosage pourrait être responsable d’effets secondaires. Tout effet indésirable doit être signalé, de même que tout symptôme inhabituel ou nouveau qui semblerait inquiétant (fièvre, infection, suintement d’une lésion de la peau …).
Comment réduire l’impact du psoriasis au quotidien ?
Même en dehors des formes graves, le psoriasis est une maladie qui peut altérer profondément la qualité de vie et les relations sociales lorsque les lésions sont visibles ou gênantes. Un soutien psychologique peut donc être nécessaire.
Les poussées de psoriasis peuvent être déclenchées par certains facteurs et il convient d’y faire attention pour minimiser le risque de leur apparition :
• Il faut éviter d’irriter la peau avec le frottement d’un vêtement trop serré.
• Les plaies de la peau (griffures, écorchures) peuvent être le siège d’une nouvelle lésion psoriasique et il faut donc protéger la peau par des vêtements, par exemple, en cas de promenade dans les fourrés.
• Il faut consulter son médecin en cas d’infections ORL (angine, pharyngite) et avant de prendre des médicaments.
• L’exposition au soleil doit être prudente et toujours se faire avec des crèmes solaires protectrices et suivie de l’application de crèmes hydratantes.
• Il est très important d’arrêter de fumer, d’éviter les lieux enfumés et de maintenir une consommation d’alcool très réduite.
• En cas de stress, il est possible de rechercher des méthodes de gestion du stress comme la relaxation, le sport ou une psychothérapie.
Le psoriasis est compatible avec une profession, une scolarité et une pratique sportive normales. Toutefois, les poussées peuvent perturber le travail ce qui peut conduire à demander un avis au médecin du travail pour un aménagement du poste de travail ou un reclassement professionnel.
Le psoriasis est-il contagieux au contact ?
Le psoriasis n’est pas une maladie contagieuse car il ne s’agit pas d’une maladie infectieuse (même si certaines infections à streptocoques peuvent déclencher des poussées).
Est-ce que le traitement peut guérir le psoriasis définitivement ?
Parfois, si le traitement est efficace, il peut entraîner une rémission du psoriasis en faisant disparaître les symptômes pendant des semaines ou des mois. Lorsqu’une poussée est contrôlée, la clé est de poursuivre le traitement en le réduisant (diminution progressive des doses ou espacement des applications) et de bien prendre soin de sa peau en évitant les irritations et en l’hydratant régulièrement.
Est-il possible de prévenir le psoriasis ?
En cas d’antécédents familiaux, il peut être envisagé de réduire la vulnérabilité au psoriasis en diminuant ou en contrôlant le stress, en évitant les irritations et les blessures à la peau, en consultant un médecin sur les médicaments susceptibles de déclencher des poussées et, d’une manière générale, en évitant de fumer et en limitant la consommation d’alcool.
Peut-on arrêter le traitement du psoriasis ?
Il est possible d’arrêter progressivement le traitement lors des rémissions, mais l’arrêt d’un traitement peut être responsable d’une poussée de la maladie.
Avec certains médicaments, comme les corticoïdes par voie orale, l’arrêt brutal peut même déclencher une forme grave de psoriasis.
En cas de mauvaise tolérance ou d’insatisfaction du traitement en cours, il vaut donc mieux en parler avec le médecin.
Peut-on avoir plusieurs formes de psoriasis ?
Une personne peut être atteinte de plus d’une forme de psoriasis en même temps ou être atteinte de différentes formes successivement, à différents moments de sa vie, sans que cela n’ait un caractère péjoratif.
L’exemple le plus classique est l’entrée dans la maladie par le psoriasis en gouttes pendant l’enfance pour évoluer secondairement vers un psoriasis en plaques plus tard dans la vie.
De la même façon, les personnes atteintes de psoriasis en plaques peuvent parfois avoir des poussées de psoriasis pustuleux et il est possible de déclarer secondairement un rhumatisme psoriasique alors que le psoriasis cutané semblait s’améliorer.
Peut-on s’exposer au soleil quand on a un psoriasis ?
De nombreux malades atteints de psoriasis ont remarqué que l’exposition à la lumière du soleil améliorait leurs symptômes, même si les coups de soleil peuvent aggraver le psoriasis.
L’exposition au soleil est donc plutôt bénéfique à condition de protéger correctement la peau avec une crème solaire adaptée et de l’hydrater après l’exposition.
En effet une sécheresse de la peau peut aussi être responsable d’une aggravation du psoriasis.
Peut-on se maquiller quand on a un psoriasis ?
Le maquillage n’est absolument pas contre-indiqué sur des lésions de psoriasis à condition d’être réalisé avec des produits de bonne qualité. Il est même souvent recommandé par les dermatologues afin de masquer les petites lésions résiduelles.