Gelée royale : Définition, propriétés et composition
Comme tous les autres produits de la ruche, la gelée royale existe depuis que l’abeille est apparue sur la terre il y a environ 50 à 60 millions d’années lors de la première période tertiaire (éocène) marquée notamment par la diversification des mammifères et le début de la formation des Alpes.
Mais tandis que le miel participe à la nourriture de l’homme depuis ses plus lointaines origines, que l’usage de la cire et de la propolis remonte à plusieurs millénaires, la gelée royale (comme le pollen) est restée inconnue jusqu’à une période relativement récente et n’est utilisée sur le plan alimentaire et médicinal que depuis quelques décennies seulement.
Qu’est-ce que la gelée royale ?
Définition de la gelée royale
Voici la définition que nous avons proposé il y a déjà de nombreuses années et qui est aujourd’hui définitivement adoptée :
« La gelée royale est le produit de sécrétion du système glandulaire céphalique (glandes hypopharyngiennes et glandes mandibulaires) des abeilles ouvrières, entre le 5ème et le 14ème jour de leur existence (ouvrières qui portent alors le nom de nourrices). Substance blanchâtre aux reflets nacrés, à consistance gélatineuse, de saveur chaude, acide et légèrement sucrée, qui constitue la nourriture exclusive :
– de toutes les larves de la colonie, sans exception, de leur éclosion jusqu’au 3ème jour de leur
existence ;
– des larves choisies pour devenir reines jusqu’au 5ème jour de leur existence ;
– de la reine de la colonie pendant toute la durée de son existence à partir du jour où elle quitte la
cellule royale. »
La gelée royale est donc, non seulement, un aliment essentiel nécessaire et indispensable à la survie des abeilles, mais encore un aliment doué d’une rare puissance de développement. En effet, sous l’influence de cette nourriture, la larve d’abeille présente une croissance absolument extraordinaire dont on ne trouve que peu d’exemples dans la nature :
• la larve d’ouvrière multiplie son poids d’environ 1000 fois en 5 jours, dont 3 de gelée royale exclusive;
• la larve royale qui bénéficie, elle, de 5 jours consécutifs d’alimentation à la gelée royale voit son poids
multiplié d’environ 2000 fois !…
Cette différence de développement entre larves d’ouvrières et de reines montre bien que c’est la gelée royale qui est à l’origine de cette fabuleuse croissance puisque le fait que la larve royale en bénéficie deux jours de plus entraîne chez elle une croissance double de celle de la larve d’ouvrière. Un auteur américain, Jay Schmidt, écrit plaisamment à ce propos que: « Cette croissance est supérieure dans une journée, en proportion de sa dimension, à celle d’un veau en une année. » Image qui permet de fixer les idées quant à la puissance de ce concentré biologique.
Mais ce n’est pas tout. La reine, qui est nourrie toute sa vie exclusivement à la gelée royale, peut vivre jusqu’à 5 ou 6 ans (alors que l’ouvrière ne vit en moyenne guère plus de 45 jours en période d’activité) et peut pondre jusqu’à 2000 œufs par jour pendant toutes ces années.
Il nous faut toutefois signaler tout de suite que ces faits d’observation indiscutables constatés dans la ruche et imputables sans aucune contestation possible à l’action de la gelée royale – le « lait d’abeilles » comme elle est parfois appelée par les apiculteurs – ont conduit certains auteurs, un peu trop enthousiastes et pas très réalistes, à faire pendant de nombreuses années une extrapolation de cette action au niveau de l’espèce humaine. Ce prolongement chez l’homme donne évidemment lieu à une position non seulement critiquable mais parfaitement insoutenable car :
– d’une part, cette croissance rapide et importante des larves d’abeilles n’est pas unique chez les insectes
dont les espèces concernées ne bénéficient pas de gelée royale ou d’équivalent;
– d’autre part, la plus grande longévité de la reine nourrie exclusivement de gelée royale est bien sûr
troublante, mais les mécanismes qui régissent la longévité sont très différents chez les insectes et dans les
autres classes animales (notamment les mammifères auxquels nous appartenons); de même en ce qui
concerne l’exceptionnelle fécondité de la reine qui répond à une physiologie spécifique bien loin de la nôtre.
Cette mise au point objective veut simplement éliminer certaines affirmations tapageuses totalement injustifiées que l’on a vu fleurir dans les années 50 dans un but mercantile évident et que l’on voit encore parfois, malheureusement, dans certains documents publicitaires sous une forme plus subtile puisqu’on laisse le soin au lecteur de faire lui-même l’extrapolation… Nous tenons, en effet, à ne vous donner ici que des informations reposant sur des expérimentations et publications sérieuses, sur des constatations médicales impartiales et sur les témoignages des innombrables consommateurs de gelée royale accumulés depuis une quarantaine d’années, accumulation qui, sans être véritablement scientifique, n’en constitue pas moins un apport empirique non négligeable.
Il ressort de tout cela que, sans être un élixir miraculeux, la gelée royale s’avère être une substance naturelle dotée d’effets très bénéfiques pour l’homme, auquel elle apporte notamment une bien meilleure qualité de vie. Voici d’ailleurs quelle était la conclusion de l’allocution du Docteur Destrem (Président d’honneur fondateur de la Société de Gérontologie de Bordeaux qui avait mené en son temps une importante expérimentation de la gelée royale en gériatrie) au Congrès National d’Apiculture de 1980, conclusion que je partageais déjà à l’époque et à laquelle je souscris encore pleinement: « Près de 25 ans plus tard, je persiste à penser que s’il n’y a pas de raisons pour attribuer à la gelée royale et à certaines de ses fractions, les qualités rajeunissantes qui lui ont été jadis prêtées à grand fracas, il semble aujourd’hui certain que ce produit, atoxique, en quelque sorte alimentaire, est doué de qualités pharmacodynamiques multiples dont il est sans doute maladroit de négliger l’intérêt thérapeutique sous le prétexte que ses effets ne sont pas miraculeux. C’est le cas d’un grand nombre de médicaments couramment employés pourtant avec succès dans la pratique médicale habituelle à côté des quelques drogues majeures dont la médecine contemporaine ne peut se passer. »
On ne peut mieux dire, sauf peut-être d’ajouter de façon plus légère, qu’en définitive il ne faut demander à la gelée royale, comme à la plus belle fille du monde, que ce qu’elle peut donner !… Mais il s’avère, comme vous le constaterez un peu plus loin, que c’est déjà beaucoup.
Aspect et propriétés physico-chimiques de la gelée royale
• La gelée royale se présente sous l’aspect d’une pâte gélatineuse assez liquide dont la consistance à
tendance à s’épaissir en vieillissant.
• Elle est de couleur blanchâtre ou légèrement jaunâtre, couleur qui peut se modifier légèrement au contact
de l’air.
• Elle présente une odeur caractéristique rappelant un peu celle du phénol.
• Elle est parfaitement soluble dans l’eau et sa densité est voisine de 1,1.
• Enfin, son pH est voisin de 4, ce qui lui donne cette saveur acide déjà notée par Schwammerdam lorsqu’il
la décrivit pour la première fois au 17ème siècle. C’est d’ailleurs, grâce à cette acidité que la gelée royale
se conserve bien, si en effet le pH est amené artificiellement à 7, la fermentation se produit rapidement.
Composition de la gelée royale
Au cours des dernières décennies, les techniques modernes d’analyse scientifiques ont permis d’avoir une idée assez précise de la composition qualitative et quantitative de la gelée royale. Toutefois, nous nous bornerons à vous donner seulement ici la composition qualitative, pratiquement constante et connue de façon quasi-complète, additionnée seulement de quelques pourcentages moyens des constituants les plus importants, chiffres issus des toutes dernières investigations analytiques réalisées.
La gelée royale contient
• Un certain pourcentage d’eau qui oscille autour de 66%, soit environ les deux tiers.
• Des glucides (sucres) avec un pourcentage moyen de 14,5%, parmi lesquels on trouve essentiellement du glucose et du fructose pour la plus grande partie, et en proportions nettement moindres du saccharose, du maltose, de l’erlose, du tréhalose et du mélibiose.
• Des lipides (corps gras) pour 4,5% sous forme de divers acides gras.
• Des protides (substances azotées) avec un pourcentage moyen de 13%, dont une grande partie sous forme d’acides aminés à l’état libre ou à l’état combiné. Ces acides aminés sont les suivants : alanine, arginine, acide aspartique, acide glutamique, cystine, glycine (ou glycocolle), histidine, isoleucine, leucine, méthionine, phénylalanine, proline, sérine, taurine, thréonine, tryptophane, tyrosine et valine. Non seulement la gelée royale contient donc un très grand nombre d’amino-acides, mais elle contient surtout les huit acides aminés indispensables à la vie que notre organisme ne peut pas synthétiser et qu’il lui faut trouver journellement dans notre alimentation, à savoir : l’isoleucine, la leucine, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine, le tryptophane et la valine. Cette richesse en acides aminés essentiels confère à la gelée royale un atout majeur dont l’intérêt est évident.
• Des vitamines en grand nombre et parmi les plus importantes, dont une particulière abondance en vitamines du groupe B qui y sont toutes représentées en grande quantité : vitamine B1 ou thiamine, vitamine B2 ou riboflavine, vitamine B3 (vitamine PP) ou nicotinamide, vitamine B5 ou acide pantothénique, vitamine B6 ou pyridoxine, vitamine B7 ou méso-inositol, vitamine B8 (vitamine H) ou biotine, vitamine B9 ou acide folique et vitamine B12 ou cyanocobalamine (cette dernière étant présente en plus faible quantité
que les précédentes). On trouve également la présence, mais en beaucoup plus petites quantités, de vitamine A, de vitamine C, de vitamine D et de vitamine E, leur infime quantité respective ne voulant pas dire qu’elles jouent un rôle négligeable dans l’action globale de la gelée royale. A noter que la gelée royale est le produit naturel connu le plus riche qui soit en vitamine B5 indispensable à la bonne marche de nombreuses fonctions fonctions organiques.
• Des substances minérales et des oligo-éléments, parmi lesquels on peut citer notamment le calcium, le cuivre, le fer, le magnésium, le phosphore, le potassium, le silicium, le sodium et le soufre.
• De l’acétylcholine qui se trouve présente en très forte quantité (jusqu’à 1 milligramme par gramme).
• Un facteur antibiotique particulièrement actif sur les Proteus et Escherichia coli B (plus connu sous lenom de colibacille). Notons à ce propos que des travaux ont montré que l’action antibiotique de la gelée royale existait encore après un à deux mois de stockage au réfrigérateur à la température de 0° C, mais qu’elle disparaissait après quatre mois dans les mêmes conditions, d’où l’intérêt de toujours consommer une gelée la plus fraîche possible.
• D’autres constituants, notamment quelques grains de pollen de fleurs dont on ne connaît pas encore parfaitement le mécanisme d’introduction dans les cellules royales, ainsi qu’une possible substance hormonale gonadotrope.
• Enfin, un très faible pourcentage de substances encore indéterminées (comportant peut-être le « trésor » caché de la gelée royale) que de nouveaux travaux de fractionnement permettront sûrement de découvrir dans un proche avenir.
Il est facile de constater que la très grande richesse de composition de la gelée royale en éléments vitaux de toutes sortes, même si elle n’explique qu’imparfaitement ses effets constatés chez l’homme (voir le chapitre suivant) permet tout de même d’affirmer qu’elle peut avoir des actions qui ne relèvent pas uniquement de l’autosuggestion comme certaines personnes persistent encore à vouloir le penser et le proclamer, ces sceptiques et ces détracteurs n’ayant d’ailleurs, le plus souvent, jamais essayé d’en faire une seule cure !…
Récolte et conservation de la gelée royale
Étant donné que toutes les larves de la colonie sont nourries à la gelée royale pendant leurs trois premiers jours, vous pourriez supposer que cette substance est abondante dans la ruche et que sa récolte est facile. En fait, il n’en est rien. En effet, la quantité dont disposent les larves d’ouvrières correspond juste à leurs besoins, ce qui la rend pratiquement impossible à recueillir. Seule la quantité dont disposent les larves royales, logées dans des cellules plus grosses en forme de doigt de gant, est très abondante et dépasse de beaucoup leurs besoins, ce qui permet de la récolter.
Mais il vous faut également savoir que la production de cellules royales dans la ruche n’a lieu que dans deux cas exceptionnels :
– quand la reine a disparu (par suite de mort naturelle ou accident) et qu’il faut donc la remplacer par une autre ;
– ou quand la population de la ruche est devenue trop nombreuse et qu’une partie la quitte avec la vieille reine (c’est ce qui correspond à l’essaimage) pour aller fonder une nouvelle colonie, les abeilles restantes menant alors à bien l’éclosion de plusieurs cellules royales mises en train avant le départ de l’essaim.
Soumise à de telles conditions aléatoires, aucune récolte valable de gelée royale ne serait possible. Il a donc fallu trouver une solution naturelle qui, sans nuire ni aux abeilles ni à la vie de la ruche, permette de la recueillir en quantité satisfaisante. Les apiculteurs – toujours très ingénieux – l’ont évidemment trouvée. D’abord rendre la ruche orpheline en lui enlevant sa reine, ce qui provoque de la part des ouvrières la production de cellules royales. Ensuite, afin d’éviter que les cellules royales soient disséminées un peu partout dans la ruche (ce qui rendrait la récolte difficile), placer un cadre de cellules artificielles (petites cupules en cire) dans lesquelles sont greffées des larves d’ouvrières âgées de 12 à 36 heures susceptibles d’être acceptées par les éleveuses: c’est ce que l’on appelle l’élevage des reines. Si le travail est bien fait, la plupart des cellules sont adoptées et les cupules en cire servent de fondement au travail des cirières qui vont leur donner leur forme définitive en doigt de gant, tandis que les nourrices servent de la gelée royale en abondance à ces jeunes larves. Après trois jours, la gelée se trouve à son maximum d’abondance et de qualité. On retire alors le cadre, on enlève les larves des cupules, et on prélève la gelée par aspiration dans de rigoureuses conditions de rapidité et d’aseptie.
Grâce à cette méthode, parfaitement maîtrisée par les apiculteurs professionnels spécialisés dans la production de gelée royale, il en est recueilli environ 300 grammes (jusqu’à 500 grammes en production intensive) par ruche et par an.
Dès son prélèvement, la gelée royale est mise en flacons de verre adaptés à la quantité voulue afin qu’ils soient bien pleins et éviter ainsi toute présence d’air. Flacons qui sont hermétiquement fermés par un bouchon en plastique (le métal est attaqué), puis entreposés au froid (entre 0 et 5° C) dans une atmosphère exempte d’humidité et à l’abri de la lumière. Dans de telles conditions, la gelée royale se conserve parfaitement pendant plusieurs mois.