Psychologie

Avez-vous des amies toxiques?

Mon agenda est ouvert devant moi, et je déprime. Ce ne sont pas les rendez-vous professionnels qui m’accablent ni ceux concernant mes enfants, mais mes «obligations amicales». Souper pour les 40 ans de Claudine, vernissage du chum de Sylvie, lunch avec Diane… Je me dis que je devrais m’estimer chanceuse d’avoir toutes ces belles personnes sur qui je peux compter, pourtant un sentiment d’insatisfaction persiste. Elles ont toutes de la valeur, il n’y a pas de doute, mais lesquelles sont de véritables amies?

Mon sentiment d’insatisfaction provient-il du fait que je me dis intuitivement qu’il y a dans le lot des relations «toxiques», voire indésirables? Devrais-je rompre avec certaines d’entre elles? Si oui, vais-je vivre et provoquer des peines d’amitié? Y aurait-il une technique, un ouvrage qui pourrait m’aider? En attendant de faire mes recherches, j’appelle ma sœur, qui me conseille:

– Pourquoi tu ne prendrais pas une sabbatique sociale?

– Pardon? Qu’est-ce que tu veux dire par là? Je ne vais pas aller dans le bois, décrocher mon téléphone, mon Internet, et vivre en ermite!

– Non, ce n’est pas ça, mais tu arrêtes tout pour prendre du recul et tu obtiendras les réponses dont tu as besoin. Tu verras qu’à la fin de ta sabbatique, tu sauras exactement qui sont tes vrais amis.

– Comment je fais ça?

– Tu envoies un courriel à tous ceux et celles qui recherchent activement ta compagnie et tu leur expliques qu’avec ta vie professionnelle, familiale et amoureuse, il ne te reste plus beaucoup de temps et que, pendant un an, tu limites tes activités sociales.

– Quoi, es-tu malade? Ça ne se fait pas… Mes amies vont capoter. Je ne peux pas leur faire ça, moi qui suis pigiste, qui ai donc des horaires flexibles et suis toujours disponible pour en consoler une en peine d’amour un lundi après-midi ou aller en chercher une autre à l’aéroport. Comment vais-je annoncer la nouvelle? Impossible, j’en suis totalement incapable. J’aime autant continuer à remplir mon agenda.

Je me branche sur mon senti

Puis, dans les semaines qui suivent, je commence à observer comment je me sens avec certaines de mes amies. Par exemple, l’une me téléphone et je remarque qu’elle ne prend même pas la peine de me demander si elle me dérange. Je note qu’après 20 minutes, elle ne m’a toujours pas demandé comment j’allais. Au cours d’un lunch avec une autre, je prends conscience qu’elle me parle des problèmes avec son chum pour la centième fois depuis cinq ans et exactement avec les mêmes mots. Au retour d’un brunch «d’amis de couples», je reviens si fatiguée (il n’est pourtant que 14 h) que je suis bien obligée de me dire que mon énergie a été «siphonnée», et je sais exactement par qui et quand. Forte de toutes ces observations, je trouve le courage d’entrer dans ma sabbatique sociale. J’annonce la nouvelle à mon entourage. Moi qui croyais que tout le monde comprendrait ma démarche, j’avoue que je suis encore sous le choc de la réaction, parfois violente, de certaines de mes amies… euh… ex-amies. Je ne connaissais pas alors le sens des mots «amitié toxique». Le phénomène m’a tellement intéressée que je me suis mise à lire tout ce que je pouvais sur le sujet. En fait, il existe peu de documentation, mais voici le fruit de mes recherches.

«Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même.»
— Hervé Lauwic

Quelques pistes pour «décoder» une amitié toxique

Si vous répondez non à plusieurs de ces questions, il y a fort à parier que cette amitié est toxique.

    • Vous sentez-vous enthousiasmée, stimulée, plus motivée à agir ou plus sûre de vous après avoir parlé à votre «amie» ou après l’avoir rencontrée?
    • Êtes-vous de bonne humeur chaque fois que vous vous trouvez en sa compagnie?
    • Vous sentez-vous plus éveillée, plus vivante, quand vous êtes avec elle?
    • Vous fait-elle vous sentir intelligente, respectée, digne?
    • Vous comportez-vous de façon naturelle et aisée en sa présence?
    • Trouvez-vous que les sujets de conversation ne manquent pas entre vous et que vous pouvez bavarder longuement sans vous ennuyer ou sans que votre intérêt se dissipe?
    • Parle-t-elle de vous avec d’autres et chante-t-elle vos louanges?
    • Avez-vous l’impression qu’elle n’éprouve ni jalousie ni envie à votre égard et qu’elle n’est pas en compétition avec vous?
    • Au fond de vous, l’aimez-vous vraiment et avez-vous le sentiment qu’elle vous aime aussi?

 

Ce que n’est pas un véritable ami

Un véritable ami n’est pas quelqu’un qui:

    • désire que vous ayez les mêmes intérêts que lui
    • essaie d’exercer un contrôle sur vous
    • compte sur vous pour l’aider financièrement
    • désire être votre sauveur ou votre protecteur
    • dépend de vous au point de vue affectif
    • est toujours du même avis que vous ou désire que vous soyez toujours du même avis que lui
    • souhaite que vous abandonniez vos objectifs pour adopter les siens ou insiste pour que vous laissiez tomber vos autres amis pour l’avantager.

 

«Il n’existe que deux sortes d’êtres capables de dire la vérité vous concernant: un ennemi en colère et un ami qui vous aime vraiment.» — Antisthène

 

La clé pour être une bonne amie

La qualité principale que doit posséder une bonne amie est l’écoute. Malheureusement, peu de gens maîtrisent cet art. Si vous avez envie d’essayer, vous devrez:

    • être attentive à ce que vous dit votre interlocuteur
    • refuser de le «sauver»
    • faire part de votre compréhension
    • «décoder» ce qu’il dit afin d’essayer de savoir ce qu’il ressent.

Voici quelques erreurs que nous commettons fréquemment lorsque nous écoutons quelqu’un

      • Nous exagérons les sentiments de l’autre. Par exemple, une simple crainte est interprétée comme une véritable terreur.
      • Nous sous-estimons les sentiments de l’autre. Par exemple, nous pensons qu’il est simplement agacé alors qu’il est furieux.
      • Nous ajoutons des conseils ou des commentaires à ce qu’il dit.
      • Nous ignorons une partie de son message.
      • Nous devançons ses propos, car nous croyons savoir où il veut en venir.
      • Nous répétons mot pour mot ce qu’il dit.
      • Nous interprétons ou analysons son message.

Un credo pour des relations saines

Voici un credo que vous pourrez réciter pour vous nourrir. Après avoir lu ce texte, posez-vous la question suivante: «Avec combien d’amis ai-je une relation basée sur ces principes?» Si vous en comptez plus que cinq, vous pouvez déboucher le champagne!

Credo de l’amitié

Toi et moi vivons une relation qui est importante pour moi. Chacun de nous est unique et possède ses valeurs et ses besoins personnels.

Pour mieux connaître et comprendre nos valeurs et nos besoins respectifs, appliquons-nous à communiquer ouvertement et franchement.

Lorsque ta façon d’agir m’empêchera de satisfaire mes besoins, sans te blâmer je te dirai franchement comment cela m’affecte. Ainsi, tu me comprendras mieux et, si tu le peux, tu modifieras ton comportement. Lorsque ce sera mon comportement qui sera inacceptable, je souhaite que tu m’en fasses part. Alors, je t’écouterai et, si je le peux, je modifierai ma façon de faire.

Lorsque ni toi ni moi ne pourrons modifier notre attitude pour satisfaire les besoins de l’autre, nous reconnaîtrons que nous avons un conflit et nous nous engagerons à le résoudre sans avoir recours au pouvoir. Nous nous appliquerons à chercher une solution qui satisfasse à la fois tes besoins et les miens. Ainsi aucun ne perdra; nous y gagnerons tous les deux.

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