Bêtabloquants après un infarctus : Le risque inattendu de dépression qui inquiète les cardiologues
Une récente étude européenne révèle un effet secondaire méconnu des bêtabloquants prescrits après un infarctus. Ces médicaments salvateurs pourraient aggraver les symptômes dépressifs chez certains patients, selon des données publiées dans l’European Heart Journal. Explications sur cette découverte qui bouscule les protocoles de suivi cardiaque.
Une étude internationale aux résultats troublants
Menée dans 45 centres médicaux à travers l’Estonie, la Suède et la Nouvelle-Zélande, cette recherche a suivi 806 patients pendant près de 5 ans. Le protocole rigoureux a évalué leur santé mentale à trois reprises :
- Immédiatement après l’hospitalisation
- 6 à 10 semaines post-infarctus
- 12 à 14 mois après l’événement cardiaque
Le Dr Philip Leissner, psychologue cardiaque et auteur principal, souligne : « Nous observons une augmentation significative des symptômes dépressifs chez les patients sous bêtabloquants avec fonction ventriculaire préservée ».
Mécanisme d’action : quand le cœur et l’esprit sont liés
Les bêtabloquants, en bloquant l’adrénaline et la noradrénaline, ralentissent effectivement le rythme cardiaque et abaissent la tension artérielle. Mais cette action sur le système nerveux sympathique pourrait avoir un impact insidieux sur l’humeur.
L’étude note que :
- 27% des patients présentaient des signes d’anxiété initiale
- 14% montraient des symptômes dépressifs au départ
- L’effet est plus marqué chez les patients déjà traités par bêtabloquants
Limites et perspectives de la recherche
L’échantillon étudié – majoritairement des hommes fumeurs de 65 ans – ne représente pas toute la diversité des patients cardiaques. Les chercheurs admettent que d’autres études seront nécessaires pour :
- Confirmer ces observations
- Comprendre les mécanismes biologiques en jeu
- Adapter les protocoles thérapeutiques
Signes avant-coureurs à surveiller
En attendant plus de données, les spécialistes recommandent une vigilance accrue face à :
- Humeur dépressive persistante
- Perte d’intérêt pour les activités habituelles
- Troubles du sommeil et de l’appétit
- Fatigue anormale
- Difficultés de concentration
Le message clé : tout changement d’humeur sous bêtabloquants doit être signalé à son cardiologue.